Assistante sociale aujourd’hui

BOUQUET Brigitte et GARCETTE Christine, Maloine, 2011, 191 p.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir du métier d’assistant de service social, sans n’avoir jamais osé le demander est sans doute là. Et dire, que cet ouvrage en est à sa cinquième réédition, sans que Lien Social s’en soit fait l’écho jusqu’à présent. Voilà une injustice enfin corrigée. En tout bien tout honneur, les auteures commencent par rappeler les précuseures de la profession : ces femmes venant habiter dans les quartiers ouvriers au sein des « résidences sociales » ; ces infirmières visiteuses luttant contre le fléau de la tuberculose ; ces surintendantes d’usine intervenant dans le monde du travail depuis 1918 ; ces premières assistantes sociales exerçant dans les services de pédiatrie des hôpitaux. L’effort conjugué de ces premières « travailleuses sociales » et des écoles de formation (fondées dès 1911) aboutira à la création, en 1938, du diplôme d’État d’assistante sociale. Les effectifs ne vont cesser de croître, répondant aux besoins qui se font jour tant au moment de la guerre, que des trente glorieuses ou de la crise intervenant dans le second quart du 20ème siècle. Se dégageant du traditionnel triptyque regroupant les professionnelles en polyvalence, polyvalence de catégorie et services spécialisés, les auteures décrivent les différents champs d’intervention des 40.000 assistantes sociales en activité : fonction publique, organismes de protection sociale, hôpitaux, établissements sanitaires et sociaux, entreprises, associations. Aujourd’hui, la profession est confrontée à de multiples mutations : la marchandisation croissante du secteur social ; la multiplication des intervenants mêlant de nouveaux métiers et des associations caritatives bénévoles ; le redéploiement des missions d’un État de plus en plus soumis à la culture du résultat ; la crise sociale qui a fait émerger une nouvelle question sociale ; l’impuissance de pouvoir donner les réponses appropriées aux demandes d’emploi, de logement ou de ressources etc... Mais, les ressorts qui lui ont permis, par le passé, de montrer de fortes capacités d’adaptation et de réactivité devraient prouver, à l’avenir, leur vitalité. Que ce soit sous la forme d’une aide à la personne ou d’une intervention d’ordre collectif, qu’il s’agisse de développer le pouvoir d’agir du sujet singulier ou de travailler sur les réseaux dans lequel il est impliqué, les mêmes valeurs s’imposent : « aider l’adaptation réciproques des individus et de leur milieu social » (Nations Unies 1959). Loin de l’accusation, lancée en 1968, d’être un agent de contrôle social, l’assistante sociale met tout en œuvre pour, certes, permettre à la personne de trouver sa place dans la société où elle vit, mais, tout autant, pour adapter les réponses sociales aux difficultés des plus fragiles.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1044 ■ 05/01/2012