Engager ses émotions dans la relation d’aide ?

LAIZEAU Alexandrine et GALOPIN Catherine, Éd. EHESP, 163 p.

On nous a incité si longtemps à nous méfier et à garder le contrôle de nos émotions autant que de les placer professionnellement à distance pour préserver notre objectivité, qu’on a presque oublié qu’on ne pouvait s’en débarrasser. Deux assistantes sociales analysent leurs fondements philosophiques, biologiques et socio-historiques, avant d’en illustrer les manifestations à travers quelques vignettes cliniques. La peur, la honte, le dégoût, l’impuissance … sont ainsi déclinées, démontrant combien ces ressentis peuvent envahir les évaluations et les accompagnements. Le diagnostic que les auteures établissent est sans appel : les émotions nous servent de boussole intérieure, en nous apportant de précieuses indications sur le contexte, les enjeux les forces et faiblesses. Elles favorisent une communication authentique, guidant notre raison, à la fois précieux outil et matériau dans la relation d’aide. Même si la sensibilité est dévalorisée au profit de la technique et de la rationalité, elle est au cœur de nos métiers : c’est l’empathie, la congruence et la compassion qui nous permettent d’être présents au monde. Regarder en face nos émotions et les prendre au sérieux ne permet pas de mieux le comprendre, mais comment nous le comprenons nous-mêmes. La véritable maîtrise ne tient pas dans la gestion de nos affects, mais dans leur accueil et leur partage avec l’usager.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1287 ■ 19/01/2021