Assistantes sociales en lutte 1990-1992. Le succès trente ans après!

DE ROBERTIS Cristina, 2021, Éd. ANAS, 231 p.

En ces temps de mobilisation du travail social, voilà un livre à lire en priorité. Non pour les résultats obtenus par la lutte des milliers d’assistantes sociales entre 1990 et 1992, mais pour la mémoire historique de leur mouvement exemplaire, multiforme et inventif. C’est un simple arrêté ministériel publié le 26 juillet 1989 qui met le feu aux poudres. L’homologation officielle du diplôme d’assistant de service social le classe au niveau III, équivalent à un BTS ou un DEUD (Bac + 2). La coupe est pleine ! La profession a déjà pris de plein fouet la dégradation des conditions sociales : montée du chômage, émergence des nouveaux pauvres, multiplication des dispositifs. Ce manque de reconnaissance est vécu comme un affront. Un Comité national d’action se constitue dès le mois de janvier 1990, regroupant onze associations. La négociation avec le ministère, d’abord privilégiée avec notamment le groupe de travail Tisserant, s’avère au final un marché de dupe. Pas moins de quatre-vingt-sept collectifs se créent un peu partout en France : ils sont autogérés, fonctionnant en démocratie directe. Un Coordination les regroupe : la CONCASS. La transcription d’une directive européenne déterminant les équivalences des différents diplômes des pays membres (fixant ceux du social à BAC + 3) relance l’espoir d’une régularisation. Il n’en sera rien. La colère va alors se manifester tant au niveau local que national à travers des manifestations, des affrontements et des actions d’éclat : appel à la grève reconductible du 16 septembre au 16 novembre 1991 ; rassemblements les 18, 20, 24, 27 septembre, 1, 4, 10, 17, 18, 29 octobre ; occupation de l’Opéra le 22 novembre, du Conseil d’Etat le

lendemain… Rien n’y fera. Il faudra attendre 2018 pour que cette légitime revendication
aboutisse.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1315 ■ 12/04/2022