A girl at my door

Réalisé par July Jung, 2014

Le film « A girl at my door » nous vient de Corée du Sud. Malgré l’ovation de trois minutes que les spectateurs lui ont fait, lors du Festival de Cannes 2014, sa diffusion reste confidentielle. Le spectateur intéressé devra guetter la programmation, dans les salles d’art et essai, pour ne pas le rater. Sa projection aurait pu servir d’introduction à la journée du 20 janvier. Young-Nam, jeune commissaire de police prenant un poste dans un village de pêcheurs ne tarde pas à repérer une situation de maltraitance sur mineur, Dohee se faisant régulièrement battre par son beau-père, quand celui-ci s’est trop alcoolisé. Elle intervient pour la protéger. Une nuit, Dohee vient frapper à la porte de son domicile, pour se mettre à l’abri des coups. Doit-elle renvoyer la jeune fille dans sa famille où elle se fera à nouveau frapper ou la garder chez elle ? Elle finit par opter pour la seconde solution : l’accueillir, à son domicile, pour quelques jours. Se serait-elle transformée en Zorro asiatique, championne de la défense de la veuve et de l’orphelin ? Ce serait faire injure à July Jung, la réalisatrice que de se limiter à une telle évocation, tant elle a décidé de plonger sa plume de scénariste dans l’encrier de la complexité. Elle ne se contente pas de brouiller les limites, en exposant ce tissage d’un lien affectif qui transcende et se substitue au lien officiel de filiation. Elle explore, tout autant, cette frontière friable qui sépare la bienveillance et l’affectivité dues à tout enfant, de l’intrusion dans son intimité. Si en occident, il est de coutume de porter sur les mâles de l’espèce humaine le soupçon ontologique d’en vouloir à l’intégrité sexuelle des mineurs, la réalisatrice coréenne a fait le choix d’évoquer la proximité trouble entre une femme qu’on découvre progressivement homosexuelle et une adolescente. Accusée d’agression sexuelle par le beau-père, elle sera lavée de tout soupçon par un tour de magie, que nous ne dévoilerons pas ici.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1154 ■ 08/01/2015