La Chabraque : l’effet cheval pour aider à grandir. Ombres d’ados et lieu de rêves

ARDON Patrick et Marie-France, Ed. érès, 2018, 226 p.

Prenez deux thérapeutes imprégnés des idéaux de Deligny qui créent un lieu de vie avec leurs enfants et quelques psychotiques. Nous sommes en 1975, en Aveyron. Le procureur de Rodez leur intente un procès pour placement illégal d’enfants. Les juges compréhensifs demandent aux services sociaux de légaliser le projet. Cela fait plus de quarante ans que cette structure atypique reçoit des autistes, très vite remplacés par des jeunes dits « cas sociaux ». Mal dans ses baskets généralement sans lacets, la casquette à l’envers, le pantalon au fond du cul et sur l’épaule le sac Vuitton « tombé du camion », l’ado débarque pour découvrir le lieu. Il est d’abord accueilli en stage trois jours, puis trois semaines et enfin trois mois. C’est à l’issue de cette transition qu’il s’engagera (ou non). L’objectif est bien qu’il en ressorte droit dans ses bottes : équipé de deux jambes solides, d’une technicité et d’une tête bien faite, il doit pouvoir affronter le monde. Outre un fonctionnement classique de lieu de vie qui cherche à remplacer le lien de sang parfois très abîmé par un lien de sens, La Chabraque prépare au CAP de soigneur équidé. Les terrains de stage où sont placés les jeunes sont disséminés aux quatre coins d’Europe. Le projet de formation est conçu de façon individualisé, à la carte, en fonction de l’évolution de chaque « chabraqueux ». Entre trop de rigidité qui étouffe et infantilise et trop de laxisme qui provoque anxiété et perte de repère, ce lieu de vie offre un cadre à la fois sécurisant et structurant. Belle aventure que les deux fondateurs nous décrivent ici : « pendant toute leur enfance on leur a volé leurs rêves. À nous de leur redonner du désir et de les soutenir au mieux pour les laisser ensuite s’envoler ».

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1246 ■ 05/03/2019