Éduquer sans entraver : déconstruire les violences ordinaires
CARPAYE Célia, Éd. ESF, 2020, 202 p.
C’est bien à tort que l’on désigne les familles comme seules responsables des violences éducatives. Elles concernent tout autant le quotidien institutionnel de nombre d’enfants et adolescents. Il ne s’agit pas seulement des châtiments corporels, mais aussi de toute contrainte faite au corps et à l’intégrité du petit d’homme dans un objectif d’obéissance et de maintien de l’ordre collectif et social. Loin de mettre en accusation les travailleurs sociaux, infirmiers et professionnels de la petite enfance qui y ont recours, l’auteure cible le paradigme éducatif dominant de notre société dont ils ont été imprégnés lors de leur formation. Ce qui domine chez eux comme chez la plupart des adultes, c’est la conviction de l’incompétence intrinsèque de l’enfant et du monopole qu’ils détiendraient quant à la capacité à le faire grandir. D’où une éducation qui s’identifie bien plus à une inculcation coercitive fondée sur la soumission et la docilité, qu’à un processus d’émancipation et d’autonomisation. Ordres, injonctions, privation de liberté, intrusion dans la vie personnelle sont, dès lors, les moyens qui sont privilégiés pour empêcher, inhiber, cadrer, voire recadrer. Toute autre est la conception prônée ici : l’enfant peut trouver la voie de son épanouissement, pour autant que l’adulte lui signifie sa confiance. Et il peut y arriver, en s’aidant des approches pédagogiques actives décrites ici dans le détail, telles celles de Montessori, Piaget ou Paulo Freire. Mais, une attention particulière est accordée à la Communication non violente de Rosenberg qui en appelle à renoncer au jugement moralisateur et aux exigences, aux reproches et aux punitions/récompenses, en privilégiant l’expression et l’écoute empathique des besoins que l’on retrouve au cœur de tout échange.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1281 ■ 13/10/2020