Histoire des enfants, des familles et des institutions d’assistance. La protection de l’enfance de l’Antiquité à nos jours

TIGREAT Hervé, PLANCHE Pascale, GOASCOZ Jean-Luc, Éd. L’Harmattan, 2019, 272 p.

La protection de l’enfance n’est pas une préoccupation contemporaine. Aussi loin que remontent les traces d’écriture, elle a toujours été présente. Ce livre nous en fait une description précise et détaillée. A commencer par la riche organisation sociale et familiale de l’empire romain. L’autorité toute puissante du paterfamilias lui attribue un droit de vie et de mort sur tous les membres de son foyer, de l’esclave jusqu’à sa femme en passant par son enfant qu’il peut, à sa guise, abandonner, vendre ou laisser mourir. L’avènement de la chrétienté sonne le glas de l’avortement et de l’infanticide, du divorce et de l’adultère. Le concile de Nicée (325) ordonne que chaque évêque prenne en charge les veuves et les orphelins, en ouvrant des maisons de charité pouvant accueillir les malades, vieillards et infirmes. Constantin retire le droit de puissance paternelle à celui qui expose son enfant, le prostitue ou le contraint à des rapports sexuels incestueux. En 534, le code Justinien qui synthétise le droit romain exclut de la correction paternelle la latitude à infliger de graves châtiments corporels, de blesser ou d’estropier son enfant. Cette formulation restera en vigueur quinze siècles ! Tout au long du moyen âge, tout enfant trouvé ou orphelin devait être recueilli dans sa paroisse. Il faut attendre la création, par un édit de 1662, des hôpitaux généraux pour qu’il soit enfermé aux côtés des mendiants, des vieillards, des insensés, des estropiés. Ces établissements sont démembrés à compter de 1800 et spécialisés selon la population qu’ils reçoivent (prison, hospice, asile psychiatrique, centre de soins). En 1811, chaque arrondissement se doit de créer un hospice des enfants trouvés. Puis, en 1866, émerge les services des enfant assistés. En réaction à la terrifiante mortalité infantile de ces lieux d’accueil, les placements en nourrice se généralisent jusqu’à leurs 12 ans. Au-delà, les enfants sont mis à disposition du ministère de la marine ou partent en apprentissage jusqu’à 25 ans. A partir de 1855, le suivi des enfants placés est retiré aux hospices pour être confié aux départements. En 1965, la correction paternelle cède la place à l’assistance éducative. C’est l’ordonnance de 1958 qui fonde la protection de l’enfance que l’on connaît aujourd’hui.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1304 ■ 02/11/2021