Les accueils de jour en protection de l’enfance. Une nouvelle place pour les parents?
JOIN-LAMBERT Hélène (coordonné par), Ed. L’Harmattan, 2012, 135p.
Longtemps limitée au choix binaire entre le placement et l’accompagnement à domicile, la protection de l’enfance s’est enrichie d’un certain nombre de dispositifs, validés par la loi de 2007, tels l’accueil séquentiel (l’enfant alternant entre l’hébergement dans sa famille et le lieu de résidence proposé par l’Aide sociale à l’enfance), le « placement » au domicile des parents ou l’AEMO, avec prise en charge extérieure possible périodiquement ou exceptionnellement. Autre possibilité, elle aussi destinée à éviter une séparation de l’enfant d’avec sa famille, des accueils de jour qui allient les avantages d’un plateau technique diversifié et adapté aux besoins de l’enfant et de ses parents et la souplesse d’une approche ambulatoire qui intervient dans le cadre de la vie de la famille. Pour exister dans vingt et un départements, ces structures n’ont fait l’objet que de bien peu d’études. Lacune comblée par Hélène Join-Lambert, qui regroupe ici quatre recherches universitaires les concernant. Trois structures françaises y sont décrites : la colline aux enfants et le Service d’accueil de jour éducatif (SAJE) situés à Paris et le Service d’accompagnement familial et éducatif (SAFE) de Nancy. Pour avoir une histoire et une configuration qui leur sont à chaque fois propres, tous ces services partagent en commun un certain nombre de caractéristiques, au premier rang desquels la pluridisciplinarité de leurs équipes regroupant, selon le cas, des travailleurs sociaux, des psychologues, des instituteurs spécialisés ou des médiateurs familiaux. Ils accueillent en journée, sur des plages horaires accessibles, les familles et leurs enfants rencontrant des difficultés relationnelles. Ils leur proposent des espaces d’échange de groupe ou individuels, l’accompagnement scolaire des enfants, l’écoute des parents et l’interface avec différents partenaires. Agissant dans un sens de médiation des relations intrafamiliales, ils aident à gérer les conflits, à pacifier l’agressivité, à canaliser les confrontations. Ils ne s’inscrivent pas dans la stigmatisation qui accompagne trop souvent les mesures de placement et, pariant sur les compétences parentales, ils mettent en œuvre des procédures de soutien à la parentalité à même de prévenir la séparation. La quatrième étude présentée dans l’ouvrage décrit ces mêmes dispositifs, déclinés à l’allemande. Maillon faible de la protection de l’enfance en terme de disponibilité sur le territoire (à peine un cinquième), de capacité d’accueil et de personnel (parfois suppléé par des bénévoles), voilà un dispositif qui mérite amplement de croître et de multiplier, sauf à penser que la prévention serait condamnée à ne rester qu’un parent pauvre. Ce qui serait un comble !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1129 ■ 05/12/2013