Un métier presque ordinaire - Paroles d’aides à domicile
BRICKA Blandine, Éd de l’Atelier, 2018, 159 p.
Voilà un métier qui souffre d’un intolérable manque de considération. Pourtant, confronté à la maladie, à la dépendance, à la fin de vie et à la mort, il déploie une impressionnante faculté d’observation et d’adaptation au fonctionnement singulier des personnes qu’il accompagne. Qui mieux que des professionnel(les) l’exerçant pouvaient décrire fidèlement leur quotidien ? En leur donnant la parole, Blandine Bricka rend hommage à leurs qualités hors-du-commun. Certes, travailler comme aide à domicile, c’est être mal payé. C’est subir un emploi du temps morcelé, enchaînant à la suite de nombreux patients éparpillés sur tout un territoire, donnant le sentiment de courir en permanence. C’est prendre des risques avec sa santé, à force de soulever les corps et de passer sa journée à entrer et sortir de voiture. Mais, c’est aussi exceller dans le prendre soin, en cultivant la compassion, la diplomatie, l’empathie, l’écoute et l’altruisme. C’est savoir apprivoiser la personne réticente pour qu’elle ouvre sa porte, sa maison, son intimité, sa nudité et détecter le mal-être sous ses provocations. C’est découvrir derrière l’enveloppe extérieure d’un corps souffrant et dégradé, un sujet avec sa propre histoire de vie et sa personnalité. C’est agir non pas comme on ferait chez soi, mais respecter son rythme et ses habitudes. Pour le comprendre ces habiletés, il faut lire les témoignages de Priscilla et d’Amina (aides-soignantes), de Julien (homme toutes mains), de Caroline et Christine (auxiliaires de vie) et de Fania (accompagnatrice de répit). Mais aussi celui d’Aude présentant la fonction de ces assistants de vie intervenant au sein d’une équipe pour assurer une présence 24h/24 auprès d’une personne lourdement polyhandicapée ayant fait le choix de rester à domicile.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1296 ■ 26/05/2021