Marcher sur son ombre

MERCAT-MAHEUR Isabelle, éd. Le Chant des Voyelles, 2018, 174 p.

Trente trois mois à piétiner dans un espace confiné de 9 m², de cours de promenade en bitume, des couloirs uniformes, de la crasse partout et du bruit tout le temps… le cauchemar est sur le point de se terminer. Fabien est libérable dans la journée. Réveillé à 5h20, les heures vont s’égrener avant que la porte ne s’ouvre. Les chapitres alternent, au gré des étapes de sa sortie de maison d’arrête et du parcours du TGV le ramenant chez lui. Défilent dans sa mémoire les scènes de son incarcération : l’anonymat du numéro d’écrou derrière lequel disparaît toute personnalité, la violence omniprésente, la cohabitation avec des co-détenus pas clairs. Mais, Fabien dévoile aussi les raisons qui l’ont amené à cette condamnation. Quand le train arrive en gare, Hiba sa femme et sa fille Élise sont là. Ce roman d’une grande force nous révèle, par petite touche, le vécu d’un prisonnier ordinaire : ni victime d’une erreur judiciaire, ni criminel de haut vol. Juste un citoyen qui a du assumer la responsabilité de ses actes avec comme unique ambition : continuer sa vie, en tournant une page maudite.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1254/1955 ■ 25/06/2019