Maman, les p’tits bateaux
MAZART Claire, Éd. Le Muscadier, 2020, 80 p.
Au lecteur qui pense qu’il devrait toujours être facile à un enfant de révéler à ses proches les violences qu’il subit, on ne peut que lui conseiller de lire ce roman mettant en scène une adolescente aux prises avec une agression innommable. Ici, tout est suggéré et induit, avant que la violence vécue ne soit petit à petit révélée dans toute son horreur. Pas de risque donc d’être confronté à des descriptions crues ou voyeuristes. Mais, l’opportunité de comprendre les sentiments de mal-être, de culpabilité et de découragement qui assaillent concomitamment une jeune victime de 12 ans qui ne sait comment se protéger de ce qu’elle subit, d’autant que l’agresseur est un familier proche. Autrefois, elle se serait confiée à son journal intime. Là, elle le fait à son ordinateur. Difficile pour l’entourage familial ou scolaire de décoder des symptômes qui n’ont heureusement pas toujours une origine aussi traumatisante. Laisser le jeune lecteur avec une fin pessimiste n’aurait guère eu de sens. L’issue proposée ici permet d’ouvrir des pistes positives.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1319 ■ 07/06/2022