Coupable
CLEMENT Yves-Marie, Éd ; Le Muscadier, 2023, 80 p.
Mais que fait donc Elona Prévoteau en procès d’Assises ? Agée d’à peine 19 ans, elle est accusée de complicité de meurtre. Ses complices ont été sévèrement condamnés : Gwendal à 20 ans d’incarcération, Jules et Kev à dix ans.
Dans la salle d’audience, elle fait face aux juges en robe noire et aux jurés. Sa mère est assise au deuxième rang, écrasée sous la honte. Un peu plus loin il y a celle de Mehdi, ravagée de douleur.
Le jour de son 18ème anniversaire, ses acolytes lui ont réservé une surprise : « se payer un arabe ». Kidnappé, attaché, humilié, torturé, puis abattu à coup de fusil, Mehdi n’avait aucune chance. Elona a laissé faire.
Mais qu’est-ce qu’elle allée faire avec ces trois jeunes imprégnés d’idéologie suprémaciste et raciste ? Aujourd’hui, elle en mesure les conséquences. Mais, il est trop tard.
Confusément, elle décrit le déroulement de son procès. Elle tente d’expliquer l’inexplicable, de décrire l’indicible et d’exprimer l’ineffable.
Elle était sous emprise, elle a été manipulée, elle n’était pas elle-même … Son argumentation est hésitante, confuse, anxieuse. Son avocat cherchera à la défendre comme il peut. Le verdict sera rendu par le jury … qui n’est autre que le lecteur.
Le crime raciste est abordé ici par le biais de la passivité de témoins. S’abstenir de toute réaction face à un crime est équivalent à le commettre. Qu’il est facile de stigmatiser après coup la barbarie des coupables. Il est toujours plus difficile de résister à la contagion ambiante.