Pour qu’ils s’en sortent! Comment intervenir efficacement auprès des jeunes délinquants
BORN Michel, De Boeck, 2011, 164 p.
L’enfermement et le placement résidentiel n’ont pas démontré leur efficacité dans l’accompagnement des mineurs délinquants, car ils produisent des effets pervers iatrogènes contre-productifs. Ce n’est pas une affirmation gratuite de la part de Michel Born. C’est le résultat d’études récurrentes dont le monde anglo-saxon est friand, mais que nous ignorons quasi totalement dans notre pays. Toute la réflexion que nous propose l’auteur s’abreuve aux recherches réalisées soit par des universitaires, soit par des chercheurs associés à des professionnels de terrain. A l’heure où les discours politiques dominants s’attachent à renforcer les mesures punitives et répressives, il est important de lire et de faire lire une littérature scientifique qui démontre l’inanité de cette voie. Michel Born tente d’abord d’identifier les facteurs de risque de la délinquance. Il rappelle la place centrale de la famille dans la socialisation du petit d’homme. L’incompétence parentale qui génère le manque de contrôle de soi, le climat conflictuel entre les deux parents qui crée l’insécurité, la carence affective qui produit un attachement insécure, tout comme l’anomie que constituent des normes comportementales déviantes constituent pour l’enfant un terrain favorable à la transgression. Mais, cela ne suffit pas pour autant, à en faire un délinquant. D’autres facteurs peuvent le freiner ou au contraire l’encourager, comme la tendance ou non à l’instabilité et à la recherche de situations excitantes ou stimulantes ou comme la fréquentation de groupes de pairs valorisant la marginalité et la sous culture de relégation. Mais, la manière dont l’institution chargée d’accompagner le jeune va se réagir peut jouer un rôle tout aussi important. Car, ce dont il a surtout besoin, c’est de la présence à ses côtés d’adultes signifiants. Le rôle de l’éducateur est alors de proposer un accompagnement impliqué qui ne soit ni neutre, ni objectif, ni distancié. Il doit être capable de mesurer les aptitudes et les limites de l’adolescent et de lui servir d’auxiliaire d’un Moi parfois défaillant ; de constituer un pôle identificatoire et de remplir une fonction projective ; de se proposer à la fois comme médiateur et parfois comme substitut parental. Les actions engagées en direction des adolescents délinquants qui s’avèrent les plus efficaces sont multiples. C’est d’abord la restauration du regard qu’ils portent sur eux et le détachement à l’égard de la stigmatisation qui les enferme. C’est ensuite le travail cognitif sur les habiletés sociales leur permettant l’apprentissage des comportements sociaux adéquats. C’est encore l’appropriation du sens de la culpabilité des actes posés. C’est toujours le rétablissement de leurs capacités d’attachement, structurées par le contre-transfert et l’alliance thérapeutique.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1037 ■ 03/11/2011