Nouvelles questions féminines n°32 - Travail social

MARIN Hélène, MODAK Marianne, (sous la direction), Ed. Antipodes, 2013, 144 p.

Revue scientifique internationale francophone, "Nouvelles questions féminines" a consacré sa dernière livraison de 2013 au travail social. Spécialisée dans l’étude des discriminations liées au genre, c’est sous cet angle qu’elle pose un regard distancié sur l’action sociale. Constat introductif, le travail social ne pouvait que s’enrichir de la critique des rapports sexués de domination, tant est forte sa quête pour renforcer le pouvoir d’agir de ses usagers. La première étude proposée porte sur la mission confiée aux intervenantes sociales issues de l’immigration, comme femmes relais ou médiatrices culturelles. Y est décrite l’ambivalence qu’implique la posture d’intermédiaire socioculturel, entre proximité attendue et connivence redoutée, distance voulue et rapprochement constaté. La seconde recherche exposée porte sur les rôles parentaux au sein des familles avec un enfant atteint d’autisme. C’est bien la mère qui joue une fonction de co-thérapeute, aux côtés des services éducatifs composés majoritairement de femmes. Troisième travail présenté, celui concernant la réorganisation au Québec, des services d’aide à la personne composés de femmes, dont les conditions de travail se sont précarisées et aggravées du fait du tournant néo-libéral. Dernière étude, celle s’intéressant aux conceptions normatives d’un échantillon de cent quarante cinq assistantes sociales québécoises quant à l’évaluation des critères d’une famille « juste ». Quelle que soit leur diversité, les cinq registres de normes identifiés ne permettent pas de combattre les conceptions sexuées des rôles respectifs du père et de la mère. A chaque fois, les pseudos caractéristiques intrinsèquement et soi-disant naturellement féminines imprègnent les représentations de la place des femmes qu’elles soient simples citoyennes, mères ou intervenantes sociales.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1148 ■ 02/10/2014