Le monde des femmes. Inégalités des sexes, inégalité des sociétés
Jacques VERON, Seuil, 1997, 206 p.
S’il est une constante qui traverse les siècles tel un fil rouge, c’est bien l’inégalité entre les sexes. Jacques Véron, démographe de métier nous propose ici un tour du monde de la condition féminine. De cet état des lieux, il ressort l’étendue des progrès ... qu’il reste à faire. Que ce soit en matière d’éducation, de santé, d’accès à la vie économique et politique, l’égalité est loin d’être acquise, d’autant plus en cas de sous-développement. Pour autant les progrès économiques n’entraînent pas automatiquement d’améliorations, les anciennes formes de discrimination laissant la place à de nouvelles formes. Ainsi, le recensement chinois de 1990 laisse apparaître une surmasculinité de 9 millions alors que les lois de la biologie ne devrait permettre d’en compter que 5 ! C’est que l’échographie ou l’amniocentèse qui peuvent être considérées comme des avancées y sont utilisées à une large pratique d’avortement sélectif, les familles préférant avoir des garçons. Un même pays peut apparaître en outre en avance dans un domaine (par exemple la participation des femmes à la vie politique) et en retard dans un autre (scolarisation féminine). Sans compter au sein d’une même nation, les différences entre les populations (telles aux USA, les fortes disparités entre blancs, noirs et hispaniques). Il est difficile d’estimer l’activité économique tant les tâches ménagères traditionnelles ne sont pas prises en compte dans les évaluations. A l’échelle de la planète, 40% des femmes restent analphabètes. La situation s ’améliore pour les nouvelles générations: en Asie du sud-est et dans les pays arabes, le taux de scolarisation a doublé en 20 ans. L’âge du mariage a reculé partout dans le monde, se situant en moyenne à 16 ans pour les femmes non scolarisées et à 23 ans pour celles qui ont atteint un niveau secondaire. Il en va de même pour le taux de fécondité qui diminue proportionnellement avec le degré de scolarisation et la nature de l’habitat. Quant à la participation au pouvoir politique, mises à part certaines figures marquantes telle Golda Meir, Cory Aquino ou Bénazir Bhutto, elle accuse un déficit quasiment général (excepté en Norvège).
De cette comparaison à l’échelle mondiale, il ressort deux critères préalables au progrès dans la condition des femmes dans le monde: l’amélioration de l’éducation et du niveau de vie général de la population.
Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°432 ■ 05/03/1998