Mineurs isolés étrangers à la rue. Comment les protéger?
ETIEMBLE Angelina, Les éditions de l’ULM, 2010, 53 p
Les conférences-débats sur le thème de la rue, initiées par l’association Emmaüs, font l’objet d’une publication présentant l’exposé de l’invité et le débat qui l’a suivi. Angelina Etiemble, docteur en sociologie, peut être considérée comme l’une des meilleures spécialistes de la question des mineurs isolés étrangers, forme particulière d’immigration qu’elle étudie depuis 1990. Cet opuscule présente, d’une manière synthétique, l’essentiel des connaissances sur ce sujet. Avec, notamment, la typologie des situations permettant d’expliquer l’errance de ces mineurs. L’universitaire distingue les exilés (qui fuient les guerres, les régimes oppressifs et les persécutions), des mandatés (que leur famille incite à fuir la misère et surtout à renvoyer de l’argent au pays), des exploités (victimes de la traite des être humains contraints de se prostituer, de mendier ou de se soumettre aux réseaux de travail clandestin), des fugueurs (en difficulté dans leur famille ou leur institution) et enfin des errants (vivant déjà à la rue, depuis des années, et profitant des moyens de transport pour aller de plus en plus loin). La plupart des 70 nations d’origine ne comporte que quelques mineurs. Sauf lorsque la police des frontières les maintient illégalement dans les zones d’attente, ils sont pris en charge, dans notre pays, par les services de l’aide sociale à l’enfance des Conseil généraux, au titre de la protection de l’enfance, l’État se déchargeant de cette mission. Les procureurs peuvent s’y opposer, en faisant procéder à l’examen osseux de la main et du poignet gauche. Cette technique, mise au point en 1935 aux USA, pour une population blanche d’origine européenne issue de milieux familiaux aisés est très contestée, car peu fiable (l’âge évalué l’est dans une fourchette de 18 mois) et peu conforme à la morphologie des enfants originaires d’Asie ou d’Afrique. Protégés jusqu’à 18 ans, il faut aux travailleurs sociaux apporter la preuve de leur intégration républicaine, pour espérer leur faire obtenir un titre de séjour sans lequel ils peuvent être expulsés à tout moment.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1047 ■ 26/01/2012