Autisme et zoothérapie. Communication et apprentissage par la médiation animale
BEIGER François et JEAN Aurélie, éd. Dunod, 2011, 154 p.
Se refusant, avec raison, d’entrer dans la polémique sulfureuse entre psychanalystes et comportementalismes, quant à la meilleure approche permettant de répondre aux difficultés que posent les différentes formes d’autisme, les auteurs de cet ouvrage passionnant décrivent d’une manière simple et didactique comment l’animal peut contribuer au soutien des personnes souffrant de cette déficience si particulière. Le profil de cette forme de psychose est très singulière : incapacité plus ou moins grande à établir des relations avec un environnement vécu dans l’indifférence, manifestations d’angoisse face à tout changement, déficit dans le traitement de l’information dans sa globalité et la perception de son sens, difficultés à expliquer, anticiper et se représenter les pensées et les comportements d’autrui, confusion dans la gestion des émotions, compréhension pauvre et littérale du langage … Même si chaque personne souffrant d’autisme est unique et développe tout ou partie de ces symptômes, trois quart d’entre elles sont atteintes de déficience intellectuelle et la moitié n’ont pas accès au langage. Autant dire, qu’entrer en relation avec elles est un défi que relèvent, quotidiennement et patiemment, tant les parents que les professionnels. Tout support facilitant ces tentatives ne peut être que le bienvenu. La zoothérapie en fait partie, l’animal médiateur œuvrant potentiellement au niveau tant du psychisme, que du social, de l’émotionnel, de la socialisation, du relationnel, du langage et du sensoriel. Immédiatement accessible, il peut devenir source de relations affectives, de contenance et de stimulations. Il peut servir d’éponge pour l’angoisse et l’insécurité : en caressant son pelage, l’inquiétude et l’anxiété diminuent, l’agressivité et la peur s’amoindrissent. Mais, la mise en relation de l’animal et de l’enfant avec autisme ne se fait pas n’importe comment. Le premier doit être choisi pour ses qualités et recevoir une formation. Quant au second, il faut l’observer dans ses comportements, ses appréhensions, ses apprentissages, ses modes de communication pour lui fournir l’animal qui lui convient. Quelques précautions s’imposent : créer des repères spatiaux, temporels et relationnels contenants, stables et cohérents, favoriser des expériences permettant l’expression de soi par l’intermédiaire du tiers qu’est l’animal, privilégier l’éveil de la curiosité et des prises de plaisir. Les résultats obtenus sont indubitables : augmentation de la motivation sociale, amélioration de la sensibilité sensorielle, perceptible dans le regard et dans le langage réceptif et expressif, diminution de l’inattention et de la distraction… L’animal prouve ainsi qu’il peut contribuer au bien être humain.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1067 ■ 21/06/2012