Handicap, pour une révolution participative

ANDRIEU Loïc, SARRAZIN Coralie, Éd. érès, 2022, 116 p.

D’un côté on a les partisans de la désinstitutionalisation qui accusent tout établissement d’inhumanité, de privation de liberté et de restriction de citoyenneté ; de l’autre, leurs détracteurs qui mettent en cause la logique de marché du service de proximité articulant clients et fournisseurs. Et puis, voilà les auteurs de ce livre qui les renvoient dos-à-dos, en recentrant la problématique sur la conception socio-culturelle systémique du handicap qui oppose des demandeurs passifs exprimant leurs besoins et des interlocuteurs tout puissants sensés y répondre. La stigmatisation hors des murs n’a rien à envier à celles dans les murs ! La révolution participative, issue du modèle MDH-PPH (Modèle de développement humain-Processus de production du handicap), s’appuie sur la promotion de quatre principes : l’autodétermination, le contrôle sur sa vie, la participation aux prises de décision, la pair-aidance. Leur déclinaison se fonde sur l’inversion d’un certain nombre de postulats. Remplacer la présomption d’incompétence quant à la capacité à faire des bons choix par la promotion d’un potentiel qui ne demande qu’à se développer pour autant qu’on s’attache à le cultiver. Renoncer à faire peser sur la personne la responsabilité de ses défaillances, de ses déviances et de ses anormalités, en plaçant en perspective l’influence de l’environnement territorial, physique et social dans lequel elle vit. Délaisser le réflexe hyper sécuritaire de notre société moderne au profit de la dignité du risque, du rapport à l’incertitude et aux possibles contre-coups de l’autonomie, en identifiant le niveau de conséquences optimales approprié pour chaque individu. Cette conception interactionniste est au cœur des préoccupations d’inclusion sociale mises en exergue par la loi de 2005.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1326 ■ 01/11/2022