Enfants maltraités ou en danger. L’apport des pratiques socio-éducatives
BOUTIN Gerald, DURNING Paul, L’Harmattan, 2008, 253 p.
Ecrit à deux mains, par des chercheurs originaires des deux rives d’un vaste océan, cet ouvrage, régulièrement réédité et enrichi, répertorie les approches socio-éducatives de leur pays respectif qui sont déployées en direction des familles et des parents. Comparer les pratiques de protection de l’enfance entre l’hexagone et la belle province n’est pas simple, tant les cultures respectives semblent distinctes. La psychanalyse qui domine chez les uns n’a d’égale que l’articulation entre béhaviorisme, cognitivisme et systémie qui s’impose chez les autres. En France l’éducateur privilégie la verbalisation des difficultés des parents et les aide à en trouver les racines. En Amérique du nord, il préfère leur apprendre de nouvelles habiletés ou peser sur les processus relationnels. Ces méthodologies ont chacune leur richesse et leurs effets pervers : trop se centrer sur le passé d’un sujet peut être autant préjudiciable que de le réduire à ses seuls comportements observables. Notre tradition gauloise considère chaque cas comme unique et le traite de façon spécifique, la recherche de règles et de pratiques caractéristiques étant considérée comme impossible, voire dangereuse, car trop normalisante. Au Québec, foisonnent les échelles permettant d’abord de mesurer le développement de l’enfant sur le plan moteur, cognitif, affectif et social et ensuite d’appliquer en conséquence des programmes visant à faire évoluer les comportements des parents et progresser les aptitudes de leur progéniture. Ici, les plus qualifiés interviennent en milieu ouvert. Là bas, c’est en internat que l’on trouve les plus diplômés. Et pourtant, par delà les supports et les outils, les problèmes rencontrés et les objectifs visés sont les mêmes. Les professionnels se heurtent aux conditions d’existence qui rendent parfois bien difficile la vie quotidienne (et donc aussi celle des enfants). Ils sont confrontés aux mêmes types de dysfonctionnement (alcool, toxicomanie, maladie mentale, carence…). Ils se confrontent à des systèmes de valeurs ou des pratiques éducatives pas toujours tolérables (relations fusionnelles ou rejetantes, maltraitance …). Ils sont témoins de relations intrafamiliales parfois bien dégradées. Et leur action présente les mêmes ambitions : rendre les parents plus compétents, en accroissant leurs connaissances et en modifiant tant leurs représentations que certaines de leurs façons d’agir ou leurs interactions. Ce sont toutes ces approches dont le livre de Gérald Boutin et Paul Durning présente un tableau clair et objectif, en les illustrant par des exemples de mise en œuvre concrète et d’application sur le terrain. Un ouvrage de référence des deux côtés de l’Atlantique.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°897 ■ 18/09/2008