La violence dans les établissements sociaux - Comprendre, évaluer, répondre

Jacques DANANCIER, Dunod, 2000, 180 p.

L’acte violent est un acte de force dirigé vers des personnes ou des objets de l’environnement visant à la destruction, l’effacement, la soumission ou la contrainte. Cette tentative  de définition proposée ici par Jacques Danancier s’accompagne d’une prise en compte du contexte. Il y a d’abord la réaction provoquée chez chacun, la violence provoquant une résonance particulière fonction de l’histoire et de la personnalité individuelles. Il y a ensuite la sensibilité globale du groupe social plus ou moins réactif ou tolérant. Il y a encore certaines cultures qui intègrent plus ou moins certains actes ou comportements violents. Et puis, il y a cette éducation intrinsèquement violente, en ce qu’elle vise à faire franchir à l’autre, le passage vers un état socialement plus élaboré. Fort de ces précautions qui ne sont pas là pour minimiser, mais pour éclairer, l’auteur décline les diverses formes que peut prendre la violence : individuelle ou collective, contre les salariés ou contre les usagers, personnelle ou institutionnelle. La violence peut être à l’initiative des usagers. Un enfant victime de maltraitance dans sa famille met souvent en jeu dans le groupe qui l’accueille des mécanismes de reproduction : position de bouc émissaire, tension avec l’adulte le poussant jusqu’à la limite de sa patience, accès d’agressivité à répétition, multiplication de blessures ... Dans le cadre de l’institution, la visibilité de cette violence est d’autant plus amplifiée que toute structure sociale est sommée de faire la preuve de sa capacité à contenir les comportements asociaux. Placés sous le projecteur, des actes qui auraient été banalisés ailleurs, prennent ici une dimension disproportionnée. Mais, la violence peut aussi être le fait des adultes. Il est indispensable de l’identifier et la traiter : cela va de la simple négligence jusqu’à la brutalité ouverte en passant par la vexation ou la dévalorisation des capacités des usagers. L’état de tension ambiante constitue un facteur d’aggravation : enjeux de pouvoir au sein du personnel, concentration des jeunes en grande difficulté dans le même lieu, renouvellement trop important de l’effectif (ne permettant pas une transmission des anciens vers les nouveaux des usages en vigueur), absence de règles ou, au contraire, règles trop rigides etc ... La détérioration de la situation passe d’abord par l’accroissement de la pression interne et externe. Si celle-ci n’est pas gérée dans de bonnes conditions, on assiste à un épuisement du personnel, à une direction qui se délite et un discours négatif qui monte. L’absence de régulation provoque alors l’éclatement du contenant. Mais, on ne peut évoquer la violence institutionnelle sans aborder aussi celle qui est faite aux salariés, la plus banale et la plus fréquent étant la disqualification des qualités professionnelle. L’auteur ne se contente pas ici d’un état des lieux, mais termine l’ouvrage en proposant toute une série de réponses pratiques.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°556 ■ 14/12/2000