Enfance maltraitée et éducation familiale. Textes 1991-2000

DURNING Paul, L’Harmattan, 2010, 201 p.

Paul Durning est un universitaire bien connu des milieux de la protection de l’enfance, pour avoir mené de nombreuses recherches portant tant sur la maltraitance des mineurs, que sur l’éducation familiale. La compilation de ses écrits, qu’il nous propose ici, est l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur la vingtaine d’années qui nous sépare de la prise de conscience par la société française, des mauvais traitements infligés à ses enfants. Un nombre considérable de travaux ont été menés dans de nombreux pays, sur cette question. L’auteur s’en est fait l’écho, tout au long de ces années, tout en appelant à la plus grande vigilance quant à des comparaisons de statistiques, de cadres législatifs et de modalités d’intervention. Car, les limites de la maltraitance varient selon les époques et les lieux, dépendant de l’évolution du droit, de l’état des connaissances socialement reconnues et du consensus social. Sans compter la variation du niveau de tolérance des chercheurs et des responsables sociaux à l’égard des violences interpersonnelles qui fait bouger les limites entre les corrections physiques acceptables et les sévices. Un certain nombre de constantes ont néanmoins pu être identifiées. La notion de parenting, par exemple, qui définit l’environnement propice garantissant à l’enfant les conditions de son développement cognitif et psycho social optimal, tout en répondant aux signes de détresse et aux comportements de rupture qu’il peut manifester. Qu’est-ce qui est susceptible de favoriser ou au contraire de provoquer la détérioration de ces capacités éducatives ? Sur le long terme, les facteurs de risque intègrent la maltraitance vécue par les parents eux-mêmes dans leur propre enfance et les problèmes endémiques d’emploi, les facteurs protecteurs correspondant plus à une éducation personnelle de bonne qualité et des relations conjugales stables et peu conflictuelles. Pour ce qui est des facteurs transitoires, ce qui favorise la maltraitance, c’est la maladie, les difficultés familiales, mais aussi un passage de plus grande fragilité de l’enfant qui peut être déclencheur de réactions inappropriées de la part des adultes. Ce qui, au contraire, protège des réactions brutales de la part des adultes, ce sont l’amélioration des problèmes de santé et financiers ou la stabilisation du comportement de l’enfant. Au final, ce qui ressort de la recherche des conditions d’émergence ou de résorption de la violence éducative, c’est autant la personnalité des parents que les conditions socio-économiques dans lesquelles ils vivent. Paul Durning détaille les actions socio-éducatives qui permettent de prévenir ou de modifier l’expression de la maltraitance, montrant la nécessité en conséquence d’interventions multiples et complémentaires. 

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1023 ■ 23/06/2011