Exposés aux violences conjugales, les enfants de l’oubli

ZAOUCHE-GAUDRON Chantal, FLORES Jean-Jacques, JASPART Coline, PAUL Olivia, SAVARD Nathalie, Ed. érès, 2016, 130 p.

Tous les enfants ont besoin, pour bien grandir, d’un espace aimant et sécurisant leur garantissant des repères stables. Ce n’est pas exactement ce qui se passe dans les familles confrontées aux violences conjugales. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient exposés directement à la vue des coups pour vivre une situation traumatisante. Entendre des mots prononcés, percevoir leur intensité, leur violence, les cris, les bruits associés, constater le sang ou le hématomes sur le corps de leur mère, sa voix terrifiée et ses pleurs constituent un vécu tout aussi éprouvant. Ils peuvent choisir de protéger la victime ou de l’accabler en se ralliant à l’agresseur. Mais, ils peuvent tout autant se déconnecter, en ignorant, banalisant ou déniant  cette réalité. Ils se trouvent très vite submergés par l’anxiété, le stress ou le conflit de loyauté, émotions insécurisantes menaçant directement leur développement et leur avenir. La construction d’un habitus constitué de relations fondées sur l’agression peut peser sur leur fonctionnement d’adulte. Ils seraient quatre millions d’enfants à vivre ce calvaire dans notre pays. Le rôle de la famille élargie et des personnes ressources constituent pour eux un facteur essentiel de protection, à condition de ne pas être abandonnés face aux violences auxquelles ils sont exposés.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1214 ■ 05/10/2017