Les adolescents violents - Clinique et prévention

Yves Tyrode, Stéphane Bourcet, Dunod, 2000, 195 p.

Si la violence est nécessaire à l’existence, il est tout aussi nécessaire de la contrôler. Ce contrôle passe par le rituel et l’utilisation de la parole qui peut, en même temps qu’elle la canalise, paradoxalement, peut l’amplifier. Les manifestations violentes débutent surtout quand la communication et le dialogue n’arrivent plus à s’instaurer et que le discours défaillant ne peut plus être ni mentalisé, ni symbolisé. Présente à tous les âges de la vie on la retrouve plus particulièrement chez les jeunes garçons, le sexe masculin et la limite inférieure à 16 ans constituant des facteurs de corrélation très forts. Même s’il est important de relativiser ce phénomène qui semble frapper la jeunesse (les bandes criminelles qui terrorisaient et rançonnaient des villages entiers au XIXème siècle ont aujourd’hui disparu), l’inquiétude monte : le milieu scolaire s’embrase (mais c’est surtout une violence verbale plutôt que physique), les polytoxicomanies s’aggravent, la délinquance des mineurs s’accentue. Les sociologues des années 70 évoquaient, pour expliquer ces passages à l’acte, la lutte des classes du prolétariat contre la bourgeoisie. Ceux des années 80 les identifiaient à la violence urbaine. Les années 90 ont souligné la requalification des faits : ce qui compte ce n’est pas tant l’objectivation de cette réalité que l’attitude qui se caractérise par une moindre tolérance, d’où une apparente explosion. Les tentatives pour identifier l’origine de cette violence  chez l’homme ont été aussi fort diverses : après avoir été tenté par la cranioscopie (examen des os du crâne), par la recherche du chromosome du crime  ou d’une anomalie hormonale et/ou neurologique, la plupart des chercheurs en sont arrivés à la conclusion qu’aucun facteur biologique ou génétique n’était vraiment déterminant. La question de la violence est donc à la fois vaste et complexe. S’y attaquer nécessite soit de défendre une thèse, soit d’évoquer celles qui ses ont accumulées. C’est cette dernière option qui a été choisie par les auteurs de cet ouvrage, experts psychiatres auprès des tribunaux, ayant plus de mille expertises à leur actif. Ils nous proposent un véritable tour d’horizon parsemé de plus d’une soixantaine de vignettes cliniques venant illustrer leur propos. Après avoir présenté la jeunesse dans sa dynamique psychique, ils s’intéressent plus particulièrement aux problématiques de l’affrontement social, de la délinquance et enfin du crime et du suicide. Ce livre, s’il s’appuie sur une grande culture et une connaissance encyclopédique des théories qui se sont succédées au cours des années (voire des siècles), n’échappe toutefois pas, à une forme d’inventaire à la Prévert qui évoque de façon descriptive l’ampleur du questionnement sans permettre toujours de s’y retrouver entre les diverses perceptions.                                                                                                                   

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°556 ■ 14/12/2000