L’adolescent entre marge, art et culture. Une clinique des médiations de groupe
GRANIE Emmanuelle et STERNIS Claude (sous la direction), Ed. érès, 2013, 297 p.
Autant les révoltes adolescentes font office de marqueurs de la crise sociale, autant les médiations culturelles et artistiques peuvent favoriser les nouages entre la société et sa jeunesse. A preuve, cet ouvrage collectif proposant de multiples témoignages d’actions de terrain qui le démontrent avec brio. Que ce soit sous forme d’ateliers d’écriture, de théâtre, d’arts plastique ou mettant en jeu le corps, on est dans la même quête : recherche créatrice visant à mieux identifier son identité et l’image de soi, rencontre de personnes supports d’identification, progression sur le chemin de la séparation et de la symbolisation, dépassement des angoisses et des conflits, ouverture aux autres, constitution d’aires transitionnelles susceptibles de sublimer sa violence. Il en va ainsi du slam, poésie de l’instant, sans contrainte de forme ni de fond et sans style, ni modèle préfinis, qui permet de mettre en mots ce que l’on ressent au plus profond de soi. Mais aussi, cette danse qui, pratiquée par des êtres en pleine mutation physologique, leur permet d’être à l’écoute de leurs éprouvés émotionnels et corporels et de les traduire à travers l’expression et le langage du corps. Il en va de même pour le théâtre qui aide à figurer ce qui se trame dans son monde interne, tant pour celles et ceux trop inhibés ou en manque de confiance en soi, que pour celles et ceux faisant preuve de trop d’exubérance ou ayant du mal à se contenir. Sans oublier la sculpture favorisant des moments de régression, dès lors où l’on peut mélanger de la matière avec ses doigts. Même les jeux video trouvent une destination thérapeutique, quand ils offrent à l’agir la possibilité de se configurer dans l’expression graphique. Autant de medias utilisables dans des ateliers aux ambitions de restauration du lien social ou de soin.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1162 ■ 30/04/2015