La charge mentale des enfants

NATIVEL ID HAMMOU Aline, 2020, Éd Larousse, 189 p.

L’épuisement physique et psychologique qui atteint certains adultes concerne aussi des de certains enfants. La notion de « charge mentale » est née à la fin des années 1970 dans le monde du travail. Comment des générations qui n’y sont pas encore entrées pourraient-elles être concernées ? C’est que les relations salariées n’ont pas le monopole du stress répété, inutile et excessif, causé par l’accumulation de sollicitations sociales, physiques, cognitives et émotionnelles. Le culte de la performance, la peur de l’échec face à un système scolaire élitiste, le poids des stéréotypées de genre, les injonctions paradoxales de l’éducation bienveillante sont autant de sources susceptibles, eux aussi, de venir l’alimenter. L’intention des parents est légitime : pousser leur enfant à travailler à l’école, afin de lui préparer une vie adulte confortable. Mais, l’hyperstimulation destinée à le rendre fort et résistant ne fait que le fragiliser. L’auteure décrit toute une série de symptômes : baisse de concentration ou du tonus musculaire, régression, troubles alimentaires, apathie ou au contraire agressivité, … soit un très large éventail de signes qui peuvent mener à un effondrement total, voire à un suicide. Il ne faut donc pas prendre à la légère de tels indices, les minimiser ou les nier. L’aide qui s’avère alors nécessaire pour l’enfant l’est tout autant pour ses parents. Avec un accompagnement leur permettant de faire le deuil de leurs propres projections et de l’idéalisation auquel leur enfant est sommé de coller. Il n’est pas ce double réparateur ayant pour mission de réussir là où ils ont échoué, de les récompenser, de les consoler ou de les sécuriser. Cette parentification marquée par une inversion du rôle parental, l’enfant étant à une place qui n’est pas la sienne, est porteuse de mal-être.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1331 ■ 17/01/2023