Parents à perpétuité

MOULINAS Sophie et Dominique, Ed. Flammarion, 2016, 324 p.

S’il est bien une réalité terrible entre toutes, c’est de perdre son enfant assassiné dans les conditions les plus atroces. Le meurtre d’Agnès, adolescente de 16 ans violée et tuée à coups de couteau, brûlée puis enterrée près du collège Cévenol du Chambon-dur-Lignon, par Mathieu guère plus âgé qu’elle plonge dans l’effroi. Une multitude de questions se bousculent : pourquoi un tel acte ? Comment expliquer qu’il puisse être commis par un adolescent à l’enfance sans problème ? Pourquoi n’a-t-on pu arrêter un prédateur qui avait déjà sévi seize mois plus tôt ? Comment des experts psychiatres ont-ils pu diagnostiquer l’absence de dangerosité de Mathieu ? « Nous sommes les parents d’un tueur et d’un violeur » déclarent d’emblée Sophie et Dominique Moulinas dans un livre de témoignage qui ne laisse pas un seul instant douter de l’horreur de ce qu’a commis leur fils, ni de la pensée permanente qu’ils ont pour la victime. Cette mère reconnaît qu’une partie d’elle-même est morte. Ce père s’interroge s’il n’aurait pas dû tuer son enfant de ses propres mains. « Notre fils est un monstre, pourtant nous ne savons pas ne pas l’aimer ». L’inconditionnalité, la continuité, la permanence seraient donc les fondements de la parentalité. Et si c’était votre fille qui avait été aussi sauvagement assassinée, s’exclameront certains lecteurs ? Et si c’était votre fils qui avait agi comme Mathieu ?

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1201 ■ 16/02/2017