Une éducation martiale contre la violence? Du cœur au corps

DERVAUX Stéphane, Ed. Champ Social, 2013, 190 p.

Éduquer c’est être condamné à la créativité et à l’innovation permanente, affirme Stéphane Dervaux, qui met en application ce précepte dans son essai sur la violence dont se rendent coupables et dont sont victimes les adolescents. L’une des sources de ces comportements peut être trouvée du côté de la télévision qui, à travers ses programmes les plus agressifs, provoquent des perturbations (angoisses immédiates ou différées, cauchemars, invasion du champ psychique…) et induit la reproduction du scénario observé (imitation ou passages à l’acte, par désinhibition des instincts agressifs…). L’auteur propose plusieurs pistes pour échapper aux effets délétères de cette violence. S’il évoque volontiers la nécessité de sortir de la relation duelle qu’il considère comme toujours un problème et un danger ; s’il préconise la médiation éducative comme tampon dans la relation pédagogique, ce qu’il revendique tout particulièrement, c’est l’utilisation des activités sportives et physiques et plus particulièrement des activités de combat, comme médiateur. La rééducation par cet objet transitionnel présente bien des avantages. Améliorer son estime de soi par une bien meilleure connaissance de son schéma corporel, d’abord; se confronter aux règles inhérentes à toute discipline sportive extensible au vivre ensemble sociétal, ensuite; « charmer la mort » et apprivoiser la violence contenue tant chez soi que chez autrui, encore ; aller au bout de soi-même, dépasser ses limites, ce qui permet d’identifier des repères, fréquemment ; élaborer des prises de risque, sans se mettre en danger, toujours; (re)découvrir l’autre et lui faire sa place, enfin. Les séances d’entraînement ou de compétition deviennent, dès lors, un véritable cours de pédagogie relationnelle dépassant la seule activité sportive, le corps se triangulant alors entre l’éducation et la violence.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1138 ■ 03/04/2014