DURAND Véronique et BOUJELLOUL Odile, Ed. L’Harmattan, 2018, 179 p.

Véronique Durand a connu, il y a quarante ans, une réalité institutionnelle effroyable : enfants niés dans leur intimité, nettoyés au tuyau d’arrosage, sanglés sur leur lit dès 18h00 ; interdiction faite au personnel d’engager la moindre relation d’attachement ; absence de toute information individuelle sur les enfants ; familles tenues à l’écart, jugées et soumises à un discours moralisateur.

C’est à partir de cette expérience éprouvante, que cette éducatrice est devenue cheffe de service, puis directrice, une forte conviction imprégnant tout son parcours professionnel : pour que la personne accompagnée soit sujet de son histoire, il est nécessaire de reconstruire celle de sa famille.

Et l’on suit, à travers quatre vignettes cliniques, cette démarche qui tient toujours compte du rythme, des besoins et des demandes de chacune et de chacun, engagée avec Odile Bouelloul, psychologue et co-auteure. Il y a les parents qui culpabilisent, d’autres qui ne supportent pas de perdre la maîtrise sur leur enfant devenu adulte, d’autres encore qui ne se disent pas prêts ou se tiennent en retrait. Ce souci d’attention crée un climat de confiance. Ce qui l’emporte, c’est bien le respect absolu de la liberté légitime de préserver l’équilibre familial et/ou de se protéger contre ce qui peut être vécu comme une intrusion. S’engage alors un travail patient et continu sur une durée prolongée.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1263 ■ 10/12/2019