Faut-il être normal ?
COUTANCEAU Roland, Ed. Michel Lafon, 2014, 250 p.
Qu’est ce que la normalité ? Si la psychologie positive tente de répondre à cette question, la plupart des psychiatres et des psychologues préfèrent se consacrer à ses dérèglements. Roland Coutanceau ne déroge pas à la règle, puisqu’il commence par définir ce qui relève respectivement de la personnalité difficile, de comportements destructeurs et de la maladie mentale. Certaines affections sont banales, explique-t-il : nous sommes tous des névrosés qui souffrons, à des degrés divers, d’anxiété, de culpabilité, d’auto dévalorisation et de manque de confiance et d’estime en soi. Le second étage des troubles consiste dans cette phobie sociale ou cette hystérie que nous développons là aussi plus ou moins, quand nous aspirons à un certain retrait ou que nous voulons séduire. Toute autre est cette paranoïa ou cette perversité narcissique qui nous empêchent d’entrer en relation avec l’autre et nous représenter ce qu’il ressent. Ces trois stades se retrouvent dans l’égoïsme (dont nous faisons preuve tous, peu ou prou), dans l’égocentrisme (qui nous éloigne un peu plus de l’autre) et dans la mégalomanie (conviction inébranlable d’une destinée exceptionnelle). La dépression chemine depuis le vague à l’âme jusqu’à cette prostration déréglant la vie quotidienne. Quant à la maladie mentale, elle se réfugie, pour l’auteur, dans deux troubles graves principaux : la psychose paranoïaque et la schizophrénie. Après ce petit état des lieux du mal de vivre, Roland Coutanceau s’aventure sur le terrain de la normalité en prévenant le lecteur de son aspect extrêmement diversifié et contrasté. Il repère d’abord ses défauts (inconstance, hésitation, indolence, perméabilité à l’ambiance), avant d’en définir les qualités (structure, fiabilité, courage, lucidité, fidélité, respect d’autrui). Être normal, c’est finalement identifier avec clairvoyance ses défauts, en les assumant et les canalisant.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1151 ■ 13/11/2014