Pas si fou. Quand un village accueille le handicap psychique

PERROU Alain-Paul et DELHON Laëtitia, Ed. Presse de l’EHESP, 2016,

Quand, en 1993, le Centre d’Aide par le Travail de Mézin ouvre ses portes, les trois premiers travailleurs, armés de sceaux, d'éponges et d'une tondeuse vont proposer aux habitants l'entretien de leurs jardins ou le nettoyage de leurs véhicules. Plus de vingt après, ce qui est devenu entre temps « Établissement et service d’aide par le travail » accompagne soixante dix personnes souffrant de handicap psychique. Dans un entretien avec son Directeur-Fondateur Alain-Paul Perrou, Laëtitia Delhon décrit cette aventure originale et féconde. Le secret de la réussite de ce projet tient tout entier dans son intégration au sein même du village où il est installé. Le projet de blanchisserie ? Il est conçu dans les bâtiments désaffectés au milieu des habitants. L'hôtel-restaurant qui s'apprête à fermer ? Il est repris par l'établissement. La station service qui menace de disparaître ? L'ESAT s'en porte acquéreur. L'hébergement est assuré au sein de studios loués à des particuliers, soit dans des maisons réhabilitées avec l'aide du bailleur social. Pour ce qui est des achats, ils sont en quasi totalité réalisés auprès des commerçants du crû. Il est fréquent de voir les usagers de l'établissement participer aux manifestations culturelles, sportives ou aux festivités locales. Ce partenariat étroit avec le tissu économique et social de proximité est complété par un réseau dense avec un secteur médical répondant avec réactivité aux décompensations psychiques des résidents. D'autant qu'un sas thérapeutique a été aménagé, afin d'éviter les hospitalisations intempestives : un atelier brocante permet aux résidents vivant une période difficile de tenter de se rétablir, en restaurant des vieux meubles. Il ne semble ne pas y avoir de limites ici à l'innovation, la créativité et l'ingéniosité. Jusqu'à ce que la tyrannie des codifications en imposent ?

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1191 ■ 15/09/2016