Etre psychothérapeute. Questions, pratiques, enjeux

Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P), coordonné par Serge GINGER, Edmond MARC, Armen TARPINIAN, 2006

A la fin des années 1940, la psychologie s’est séparée de la philosophie. En 1968, la psychiatrie s’est émancipée de la neuropsychiatrie. Dans les années 1980 la psychothérapie a affirmé son autonomie à l’égard de la psychologie et de la psychiatrie (notamment de la psychopathologie). Tout un corps professionnel, composé seulement à 50% de médecins et de psychologues, s’est ainsi constitué, s’adressant à trois millions de personnes menant une vie sociale, professionnelle et familiale tout à fait normale, mais demandant à être soulagées du stress, de l’anxiété, de la dépression liés aux aléas existentiels du quotidien. Maladie infantile de tout ce qui commence par « psy », la tendance innée au dogmatisme a longtemps fait des ravages : chaque école (et il y en a plus de 400 !) est encore plus ou moins tentée par la disqualification de sa voisine, la prétention à détenir la vérité et l’idéalisation de ses propres méthodes. Mais, si certains continuent toujours à s’enfermer dans la pureté de leur méthode, le monolithisme des différentes méthodes s’opposant les unes aux autres a laissé progressivement la place à une multiplicité des perspectives fondées sur la reconnaissance de l’incertitude et de la complexité des processus thérapeutiques : le thérapeute et son client s’influencent réciproquement (les caractéristiques de l’un et de l’autre jouent un rôle déterminant), la subjectivité du thérapeute (on soigne autant avec ce qu’on est qu’avec ce qu’on fait),  l’absence de toute règle, critère ou technique standards (toute prétention à constituer un méta modèle et à revendiquer une définition universelle de la souffrance humaine est une illusion). Théoriciens, universitaires, chercheurs et cliniciens s’écoutent de plus en plus, convaincus que la psyché humaine est un univers trop vaste pour qu’une seule approche, quelle que soit son excellence, la circonscrive. Le pluralisme représente donc une richesse et une possible complémentarité : les différentes techniques doivent pouvoir se combiner, les limites reconnues par chacune étant aussi les garanties de son efficacité. D’autant qu’au-delà de leur différences, tous les psychothérapeutes partagent les mêmes qualités (accueil positif, empathie, qualité de l’écoute, authenticité, humour, capacité d’autocritique) et recherchent les mêmes changements ferments d’une vie plus pleine, plus riche et plus solidaire (meilleure acceptation de soi, sentiment personnel plus positif, plus grande compréhension de son propre mode de fonctionnement et  amélioration de son rapport aux autres). Ce que nous démontrent les vingt auteurs de cet un ouvrage mérite le détour : s’inscrivant dans une volonté délibérée de mutualisation et de reconnaissance réciproque, il permet de situer chaque psychothérapie, en les respectant toutes.

 

Jacques Trémintin -  LIEN SOCIAL ■ n°829 ■ 22/02/2007