Les nouveaux psys. Ce que l’on sait aujourd’hui de l’esprit humain »
Meyer Catherine (sous la direction), Marabout, 2010, 789 p.
Voilà un livre de poche, dont le rapport qualité/prix est incomparable. Catherine Meyer, conceptrice du « Livre noir de la psychanalyse », qui avait fait couler tant d’encre en 2005, récidiva trois ans plus tard, en arguant que la psychanalyse ne représentant plus à l’échelle mondiale que 2,5 % des travaux universitaires, il était inconcevable de passer à côté de ce que pouvaient proposer les 97,5 % autres recherches. Elle a donc demandé à de jeunes psys d’aller à la rencontre de 37 de leurs aînés particulièrement connus et reconnus, pour leurs théories. Cela donne 37 chapitres courts et synthétiques composés sur le même schéma très didactique : un rappel des thèses principales de l’impétrant, son interview, suivie de quelques extraits de ses écrits. Avec, au final, une somme où chacun apporte sa pierre et son point de vue, ensemble qui n’est pas exempt de ruptures et de contradictions, comme il se doit dans toute réflexion qui relève non de la croyance, mais d’un esprit scientifique ne cherchant à établir aucune vérité. Il est impossible, bien entendu, de présenter près de 800 pages, en un résumé qui se voudrait exhaustif. On peut juste faire ressortir quelques coups de pinceaux, en laissant le lecteur aller découvrir par lui-même ce passionnant tableau de l’intelligence et de la diversité des interprétations possibles de la psyché humaine. Il y a d’abord la réaffirmation du rôle des gênes dans nos comportements, importance aussitôt tempérée par la place tout aussi essentielle attribuée à l’environnement et aux expérimentations individuelles qui nous construisent. Les déterminismes se trouvent ainsi largement équilibrés par le libre arbitre. Puis viennent les études sur l’intelligence et ses multiples formes qui recouvrent tant les compétences surtout valorisées par l’école, que celles si utiles dans le domaine artistique, en n’oubliant pas celles qui sont indispensables dans les métiers relationnels. Avec une question récurrente : pourquoi privilégie-t-on les seules capacités linguistiques et logico-mathématiques, au détriment de toutes les autres ? Autres recherches tout aussi précieuses, celles portant sur la mémoire qui nous permettent de comprendre ce que recouvrent nos souvenirs et comment ils sont altérés, modifiés et détériorés par les informations survenues ultérieurement. Une place toute particulière est accordée au rôle de nos émotions dans nos décisions, tout autant qu’à l’articulation entre l’héritage génétique et le milieu culturel, historique et familial dans l’élaboration de notre tempérament. Vient enfin une longue partie consacrée aux multiples psychothérapies qui cherchent leur voie entre le comportementalisme et la psychanalyse.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1042 ■ 08/12/2011