La vérité sur ce qui nous motive
Daniel H. Pink, Ed. Flammarion, 2014, 256 p.
Pendant longtemps, les sources de la motivation furent d’abord recherchées du côté du biologique : comme les autres espèces animales, l’être humain agit pour étancher sa soif, apaiser sa faim, assouvir ses envies charnelles. Puis, vint la théorie comportementaliste centrée sur le rôle des récompenses et des punitions. Deux psychologues, Harry Harlow et Edouard Deci, démontrèrent l’existence d’une troisième motivation autre que la réponse à des besoins primaires ou l’alternative entre la carotte et le bâton : la satisfaction face à l’action menée pour elle-même, les relations positives avec ses semblables et le besoin de donner du sens à sa vie. Daniel H. Pink s’emploie à démontrer que chacun va bien au-delà du seul calcul rationnel des coûts et des avantages. Nous sommes nombreux à renoncer à un métier lucratif et à choisir celui moins rémunérateur qui nous donne plus le sentiment de nous accomplir. Nous passons des heures à tenter de maîtriser un instrument, sans en attendre le moindre avantage matériel. Nous jouons avec des puzzles sans que cela ne nous fasse gagner un centime. De nombreuses expériences ont démontré que si les récompenses peuvent parfois stimuler, elles tuent tout aussi souvent la motivation intrinsèque, réduisant les performances et limitant la créativité. Parmi les trois piliers de cette motivation, se trouve d’abord l’autonomie. Les entreprises qui l’ont compris, à l’image de 3M et Google ont incité l’innovation de leurs employés, en les laissant libres d’agir comme ils le désiraient 20% de leur temps. Le second pilier est la maîtrise de son travail : les écoles qui favorisent cette aptitude obtiennent bien plus de résultats que celles qui fonctionnent sur la soumission et la discipline passive. Dernier axe, la finalité qui permet de se mettre au service d’un objectif qui nous dépasse. Voilà un livre qui bouleverse le fondement de nos pratiques traditionnelles.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1149 ■ 16/10/2014