Défaire le capitalisme, refaire la démocratie. Les enjeux du délibéralisme

DACHEUX Éric & GOUJON Daniel, Éd. Erès, 2020, 353 p.

Notre société néolibérale est fondée sur l’impératif de croissance, la recherche du profit maximum, la concurrence pure et parfaite et l’utilitarisme. Avec comme résultats : l’objet produit est plus important que l’être humain, l’individu est mis au service de la technique et la politique est soumise à l’économie.

Alors qu’il y a une diversité de modèles économiques (domestique, publique, sociale), le capitalisme n’admet que la logique orthodoxe de marchandisation potentielle de tout ce qui existe, imprégnant fortement les mentalités autour du triptyque : acquisition, compétition et rationalité.

Or, il n’existe pas de lois universelles qui régiraient le marché considéré comme soit disant « naturel », mais des rapports de force sociaux qui construisent des normes économiques fluctuantes et évolutives que l’on doit contextualiser dans le temps et l’espace.

Or, contrairement à ce que l’on nous fait croire, des alternatives non seulement sont possibles, mais existent déjà : les régies de quartier, les garages solidaires, les recycleries, les coopératives ouvrières, l’économie auto-gérée, les monnaies locales, les banques solidaires, l’habitat participatif, le commerce équitable, les boutiques sans argent, les entreprises cogérées entre financeurs et salariés, les coopératives d’intérêts collectif, les repair cafés … si toutes ces initiatives sectorisées et localisées ne constituent pas une réponse globale, elles démontrent néanmoins que les rapports de domination, la marchandisation des biens et services ainsi que la quantification des performance ne constituent pas la seule et unique voie.

Le concept de délibéralisme propose justement une radicalisation théorique de cette constatation empirique. Ce néologisme est basé sur un jeu de mot qui marque la nécessité de se défaire du libéralisme pour entrer dans la délibération citoyenne, comme seul moyen légitime de décider démocratiquement. On ne doit pas restreindre le débat citoyen aux seules arènes politiques traditionnelles. Tout au contraire, c’est lui qui doit déterminer les principes devant gouverner le vivre ensemble, les croyances qui donnent sens à la vie et les ressources qui doivent être valorisées.

Et les auteurs d’esquisser ce que pourraient être une monnaie « délibérée » et d’une allocation universelle pouvant symboliser l’émergence d’une nouvelle post capitaliste.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1274 ■ 26/05/2020