Dans ma cellule, j’ai fait le tour du soleil. La littérature en terre in-humaine
GUILHEM Geneviève (sous la direction), Lire c’est vivre/ AAEL, 2008, 240 p.
La littérature n’est pas réservée aux gens instruits, pas plus qu’elle n’est une distraction dont profitent les seuls oisifs. Relevant non du superflu mais du nécessaire, elle s’adresse à tous et offre une voie généreuse de rencontre avec les autres. Depuis le vote en 1983, sous l’impulsion de Robert Badinter alors ministre de la justice, d’une mesure du code de procédure pénale prescrivant l’instauration de bibliothèque en accès direct, elle a fait son entrée en prison, gagnant son droit d’exister au même titre que la santé, le sport ou le travail. Elle constitue, on en conviendra, un fragile rempart contre la privation d’espace, de temps ou d’initiative, contre les barreaux, l’isolement ou les gestes répétitifs. Mais, lire et écrire reste l’un des moyens privilégiés de s’ouvrir sur le monde et de rendre la vie plus belle de sens. Voilà un ouvrage qui vient illustrer cette capacité de création qu’a toujours permis la littérature. Il est écrit à trois voix. Celle fondatrice et innombrable des écrivains ayant marqué à jamais la culture universelle : ce sont les Verlaine, Prévert ou Desnos, les Stevenson, Cervantes ou Sophocle …. Celle, ensuite, de ces médiateurs qui s’efforcent, jour après jour, d’ouvrir les fenêtres de la détention sur cet espace de liberté. Celles, enfin, de ces lecteurs-lectrices du dedans ayant vécu la métamorphose de celui ou celle qui n’est plus simple consommateur, mais qui se risque dans la solitude ou avec le soutien d’un atelier collectif à méditer, sentir, goûter, poser et finalement expérimenter sa propre écriture. C’est la revue « Liralombre » qui égrène depuis 1991 ce travail de création autour de la même passion de la lecture qui sert de fil conducteur à l’ouvrage. Pour encore faire vivre cette aventure, il fallait la mettre en un livre. Voilà qui est fait.