Théories du complot. On nous cache tout, on nous dit rien
CHEVASSUS-AU-LOUIS Nicolas, First Ed., 2014, 283 p.
Les attentats de septembre 2012 ont eu pour effets inattendus, de répandre à travers le monde une épidémie de complotite aigüe. L’élément déclencheur aura été le livre de Thierry Meyssan niant la responsabilité d’Al-khaida et accusant une conspiration de la CIA. Depuis, il n’est quasiment plus un évènement traumatique qui ne fasse l’objet, sur internet, des interprétations les plus farfelues. Les « Thruters » veillent, prêts à identifier la moindre anomalie ou invraisemblance et démasquer les preuves évidentes d’un complot. Ce n’est pas très nouveau. Dans l’histoire, furent accusés de conjuration : les jésuites, les francs-maçons, les illuminatis, les juifs bien sûr, le gouvernement. Toute hypothèse s’appuyant sur le soupçon d’un complot n’est pas en elle-même suspecte, comme toute version officielle n’est pas synonyme de vérité. La multiplicité des mensonges d’État, des guerres de l’ombre, des actions en sous-main des services secrets et d’opérations subversives de ces dernières décennies le démontrent. Comment distinguer les vrais complots de ceux qui relèvent bien plus du farfelu ? La rhétorique complotiste fonctionne sur trois principes : aucun évènement ne survient par hasard, on ne peut se contenter des apparences et les évènements qui semblent disparates forment en réalité un tout. Les investigations qu’elle mène relient les faits à la seule et unique hypothèse qu’elle puisse admettre : celle de la machination. Le dialogue est quasiment impossible, toute tentative de pondération ou de circonspection étant considérée comme la meilleure preuve de la volonté de camoufler le complot ! Échapper à cette obsession passe par une enquête ouverte sur l’ensemble des possibles (y compris un complot), en croisant les travaux des organes officiels (police, justice, commissions d’enquête …), ceux des journalistes et des scientifiques.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1167 ■ 09/07/2015