Une calomnie exemplaire - Essai sur les modes et méthodes de chasse aux sorcières en France
Bernard LEMPERT, Edition Jeunesse et droit (16 passage Gatbois 75012 Paris), 1998
Bernard Lempert le précise dans les premières lignes de son ouvrage : il se situe dans une logique de légitime défense. Il n’a rien demandé à personne. Il a été agressé et traîné dans la boue depuis 1995. Là où toute son action tendait à essayer de relayer la souffrance humaine, c’est la haine et la bêtise qui lui ont répondu. Il y a de quoi, convenons-en nourrir une vindicte légitime. Et c’est vrai que l’auteur règle ses comptes. Mais, il ne le fait pas en usant de l’arme de ses adversaires. Ici, pas de place pour la rumeur et la calomnie, mais une analyse minutieuse sous-tendue par une réflexion théorique des mécanismes qui ont abouti à l’entreprise de dénigrement dont il a été victime. C’est même là le rythme adopté tout au long de son ouvrage : à la fois une analyse des faits dont il a été la victime et à la fois une prise de distance pour éviter la simple plaidoirie et avancer dans la réflexion. Sa plume est acerbe et les traits qu’il lance font mouche et touchent juste. Chacun est placé devant ses responsabilités dans cette affaire lamentable. La Commission Parlementaire sur les sectes qui édite un rapport faisant autorité mais ne prévoyant aucune procédure pour en rectifier les erreurs qui peuvent gravement porter atteinte à ceux qui en sont victimes à tort. Des journalistes que n’étouffe pas leur éthique professionnelle, qui jouent un rôle bien peu glorieux dans la diffusion de la rumeur et qui semblent coincés dans un engrenage infernal (l’un d’entre eux férocement accroché par l’auteur s’avère avoir un double activité : pourfendeur de sectes et …chasseur émérite en OVNI). Des autorités départementales et épiscopales qui utilisent leur autorité d’une bien piètre manière. Une association (l’ADFI) bien imprudente et à l’action déplorable et lamentable à propos de laquelle Bernard Lempert s’étonne “ qu’un Etat laïc se désaisisse de ses responsabilités au point de déléguer à un groupe de pression le vrai du faux en matière religieuse. ” Il ne faut pas confondre poursuit-il “ quelques promeneurs méditatifs penchés sur la condition humaine avec la branche cadette d’un gang transfrontière spécialisé dans la traite des Européennes déprimées et dans la séquestration analytique sur le divan de contrebande ” explique l’auteur dans un humour mordant qui catalyse mal tout ce gâchis. Donc, pas de “ règlement de compte à OK choral ”, mais une juste restitution d’un épisode peu glorieux qui doit nous faire réfléchir.
Jacques Trémintin – Septembre 1998