BELLON Jean-Pierre & GARDETTE Bertrand, Éd. ESF, 2013, 144p.

Alors que nos voisins européens se sont activement mobilisés, ces dernières années, contre les manifestations du harcèlement à l'école, notre pays est resté très longtemps passif : pas un mot dans les circulaires ministérielles, entre 1985 et 2010. C'est en 2011, que cette réalité passe de l'ombre à la lumière, constatent les auteurs, en se demandant si le même aveuglement n'est, toutefois, pas en train de se reproduire. Et cela concernerait le cyberharcèlement qui pourrait bien être à son tour négligé, en étant réduit à une simple extension du harcèlement classique. Avec prudence et méthode, cet ouvrage démontre le contraire. Ce que subissent environ 10 % des élèves se déroule publiquement, en présence de témoins, dans un face à face marqué par la répétition et une disproportion des forces entre la victime et son agresseur. Les pratiques de harcèlement utilisant les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont fondées sur des registres tout à fait différents qui relèvent de l'anonymat, de la démultiplication des effets, dès lors ou ceux-ci sont relayés, et pas du tout dans un rapport de force physique. Les auteurs peuvent être dotés d'intentions malveillantes tout autant qu'être des victimes désireuses de se venger, des adolescents se prenant pour des justiciers ou d'autres ne réussissant à sortir de leur inhibition que devant leur écran. Illustrant les dégâts considérables que peuvent provoquer le harcèlement et plus particulièrement le cyberharcèlement, les auteurs montrent combien les enseignants et les parents sont désarmés, ne sachant comment réagir. Ce qu'ils préconisent, c'est d'abord l'initiation des adultes, à laquelle leur ouvrage contribue utilement. Mais, c'est aussi la formation obligatoire des élèves à l'utilisation de la téléphonie mobile, d'Internet et des réseaux sociaux.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1146 ■ 04/09/2014