À l’école de l’autonomie. Épreuves et enjeux des dispositifs de deuxième chance
DECHENEAU Benjamin, HOUDEVILLE Gérald, MAZAUD Caroline (sous la direction), Ed. L’Harmattan, 2016, 274 p.
Même si les cohortes concernées par le décrochage scolaire ne représentent plus que 6% d’une classe d’âge (25% en 1975), celui-ci est devenue un problème social et politique. Les pouvoirs publics ont structuré tout un secteur de formation dédié aux jeunes sortant déqualifiés de l’éducation nationale. Ce dispositif est financé par les Conseils régionaux qui lancent des appels d’offre, fixant les contours et les contenus attendus. Comment fonctionnent ces offres de formation ? L’inscription n’est pas automatique. Une sélection s’opère, destinée à vérifier l’adéquation entre le profil et l’ambition du candidat d’un côté et de l’autre, les objectifs et contenus du stage. Ce choix n’est pas seulement tributaire du parcours des postulants. Il est fortement influencé par les exigences des financeurs qui, attendant un retour sur investissement, conditionnent le renouvellement des actions au taux de sorties positives vers l’emploi. Seule la mission d’insertion sociale et professionnelle est retenue dans les critères d’évaluation, pas l’accompagnement éducatif. Un jeune fortement démuni en ressources et capitaux culturels doit donc montrer sa motivation et sa capacité à investir la formation jusqu’au bout, pour avoir des chances d’être retenu. Ce qui écarte les plus fragiles. Les auteurs s’intéressent plus particulièrement à deux structures : les écoles de seconde chance (E2C) et les Établissement publics d’insertion de la défense (EPID). Leur analyse montre les deux fonctions qui émergent : maintenir les ambitions des jeunes dans le domaine du raisonnable mais aussi promouvoir leur intégration des valeurs et des normes sociales et professionnelles attendues sur le marché du travail.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1234 ■ 06/09/2018