Le goût de l’effort. La construction familiale des dispositions scolaires
GARCIA Sandrine, Éd. Puf, 2018, 241 p.
Trop longtemps on a cru, par ethnocentrisme à l’égard des milieux populaires, que le capital culturel des classes moyennes-supérieures était suffisant en soi pour assurer l’avantage scolaire de leurs enfants. L’auteur s’attache à démontrer qu’avoir des parents diplômés ne suffit pas. Il n’existe pas d’osmose permettant d’infuser automatiquement ces avantages. C’est le travail incessant et de longue haleine composé de pratiques éducatives quotidiennes précises et concrètes, quoique invisibles, fourni à la maison tant par les enfants que leurs parents qui fait la différence. Répondre à la norme attendue de l’autonomie, de l’autodiscipline, de l’application, de l’intérêt pour l’enseignement et du décryptage des attentes implicites ne se fait pas tout seul. Il faut y consacrer beaucoup de temps pour produire la disposition à se mettre spontanément au travail. Cette inculcation n’est pas contradictoire ni avec les enjeux d’épanouissement de l’enfant, ni avec le productivisme prôné par les didacticiens de l’école, ces deux modèles pédagogiques familiaux pouvant se combiner … sous condition que s’exercent une surveillance constante et un contrôle permanent. Vérifier, faire réciter et ajouter du travail renforcent les apprentissages, tout en les anticipant. L’enquête effectuée auprès d’une soixantaine d’enfants d’école primaire illustre et confirme la thèse de l’auteur.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1278 ■ 01/09/2020