Le lecteur de Lien Social commence, à présent, à bien connaître ce festival Handistars qui se déroule au coeur du parc animalier de « La ferme du monde ». Nous nous sommes attachés depuis des années à présenter et à soutenir cette manifestation hors du commun. Cette année, nous ne manquerons pas à cette tradition. Toujours fidèle au poste, l’ESAT du Bois Jumel propose les 30 juin et 1er juillet 2007 la 7ème édition de cette opération unique en France. Avec près d’une quarantaine de troupes en provenance de foyers de vie, d’IME, de MAS, d’ESAT, on va à nouveau y chanter, y danser, y faire de la musique, y jouer du théâtre. Plusieurs nouveautés cette année, à commencer par la prestation de « Xalam star », sept artistes porteurs handicap, en provenance de Dakar au Sénégal, feront le déplacement pour venir présenter un spectacle de musique traditionnelle africaine. Autre innovation, des groupes monteront sur scène, composés non seulement de personnes atteintes de handicap, mais aussi de personnes valides. Ainsi, du groupe de Sené (près de Vannes) « danse avec moi » qui mélange des enfants invalides ou non. Mais aussi le groupe Transgéni’k. Son histoire est des plus originales. Tout commence en 2002, par une proposition faite par le Jardin Moderne de Rennes, association qui se fixe pour ambition de favoriser la création et la diffusion des musiques actuelles. Ce collectif s’adresse à l’Association Française contre les Myopathies, afin d’entrer en relation avec des personnes atteintes de handicap et susceptibles de faire un CD de musique. La rencontre est féconde, puisqu’un disque est enregistré. Cette première expérience a donné envie aux musiciens de continuer à jouer ensemble. A compter de novembre 2003, ils se retrouvent régulièrement pour répéter. Puis tout s’enchaîne : un local mis à disposition, l’écriture de chansons, les premiers concerts publics... En septembre 2004, c’est la création du collectif Transgeni’k qui, en proposant sur scène des musiciens en situation de handicap et d’autres qui n’en ont pas, réunit autour de la même passion de la musique des amateurs sans  distinction de santé ou de difficultés physiques. Mais, le groupe ne se contente pas de créer, de répéter et de se produire. Il se fixe aussi pour objectif de faire changer les représentations de la société sur le monde du handicap. Ainsi offre-t-il une prestation d’aide et de conseil technique par rapport aux différentes déficiences. L’idée est de proposer aux organisateurs de festival, de rendre accessible leurs spectacles aux personnes en situation de handicap physique, sensoriel, mental, qu’il soit spectateur ou artiste. Sur scène, douze musicos (quatre chanteurs et huit instrumentistes). Quatre membres du groupe sont atteints de handicap (myopathie et tétralogie de Fallot), les huit autres sont valides. La musique, elle est composée par tous les maillons du groupe, en s’inspirant de nombreux styles différents (Reggae, Ragga, Chanson française). Seul le rock'n'roll n’est pas utilisé, car peu compatible avec l’insuffisance respiratoire de certains des artistes obligés ainsi de se limiter à des rythmes plus tranquilles… Quant aux textes des chansons, ils sont écrits par deux des chanteurs présentant des difficultés physiques. Tour à tour humoristiques et revendicatifs, ils expriment la colère et le besoin de reconnaissance. « Toi l'enfant sans jugement/Tu dis : « Maman, mais qu'est ce qu'il a le Monsieur ? »/Et elle te répond tendrement/« Chut, tais-toi » en détournant tes yeux/Et avec ces seuls renseignements/Comment peux tu accepter mieux/Ma différence ? » Chante Transgeni’k. En cherchant ainsi à dédramatiser le handicap, ce groupe démontre que fossé entre ceux qui en sont atteints et ceux qui le côtoient peut être comblé. Il suffit pour cela bien souvent de changer de regard. Il confirme, en outre, que loin d’être réservée à une élite, la musique est accessible à tout le monde, chacun pouvant participer à des niveaux différents. Et, c’est justement ce que démontrera le festival « Handistars » qui marquera le début de l’été, en  offrant une image valorisante et un moyen de se produire publiquement à l’action culturelle et artistique déployée tout au long de l’année,au sein des établissements sociaux et médico-sociaux. Une occasion à ne pas manquer pour des centaines de personnes de se rencontrer, d’apprendre à se connaître et à échanger au-delà des différences et des déficiences. Que naissent un, deux, trois …mille festivals de ce type à travers notre pays et pourquoi pas à l’étranger, c’est tout le mal qu’on puisse souhaiter.

Contact : Jean-Yves Hercouët, Entreprise de Travail Adapté 9, rue Abbé de la Vallière 56910 Carentoir. Tel. : 02 99 93 70 70 Fax 02 99 08 97 72

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°845 ■ 21/06/2007