Le potentiel négligé de la médiation animale

Il faut remonter à 1792 pour trouver le premier usage thérapeutique de l’animal, quand un humaniste anglais, William Tucke, confia à des patients d’un asile d’aliénés un élevage de lapins et de volailles. Se sentir responsables d’animaux les fit alors se prendre un peu mieux en charge eux-mêmes. Depuis, cette pratique n’a jamais cessé d’être utilisé. Et pour cause, cette médiation interagit potentiellement tant au niveau du psychisme que du social, du sensoriel que de la socialisation, du relationnel que du langage. L’animal fonctionne comme une éponge émotionnelle soulageant tristesse et anxiété, réduisant l’agressivité et la peur. Neutre, il ne porte jamais aucun jugement moral, ni verbal et ne fait aucune différence face au handicap ou à la maladie. Permettant l’expression individuelle, l’éveil de la curiosité tout autant que les prises de plaisir, il renvoie une image positive de soi. Fidèle, il ne trahit jamais celle ou celui qui lui accorde son affection. Immédiatement accessible et réactif, il peut se montrer complice et créer une relation de confiance réciproque. Sans doute la logique d’acquisition d’un savoir-faire à son égard doit laisser la place à celle de réparation, voire d’un savoir-être privilégiant les dimensions ludiques, empiriques et sécurisantes. On mesure, à cet énoncé, l’ampleur des potentialités dans le soin, l’approche et l’accompagnement des personnes fragilisées. Pourtant, cette médiation est encore loin d’être autant utilisée qu’on le pourrait.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1273 ■ 12/05/2020