Les psys ne sont pas des thaumaturges

Aux prières mystiques traditionnelles ont succédé de nouveaux mantras : « le soin s’impose », « l’enfant a-t-il vu un psychologue ? », « il faudrait qu’il consulte ». Combien de fois ce type d’allégation est-il proféré face à celle ou celui dont le comportement déroute et déstabilise ? Il est vrai qu’il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas comprendre le fonctionnement de l’Autre et surtout de ne pas trouver comment l’aider à changer un comportement qui peut lui nuire, autant qu’à son entourage. Parmi les centaines de méthodologies thérapeutiques, il doit forcément y en avoir au moins une qui apporte une explication et un accompagnement.

Et si, face au mystère insondable de l’âme humaine, on faisait preuve d’un peu plus d’humilité ? Non pour renoncer à faire reculer la souffrance psychique, mais pour éviter qu’en plaquant une interprétation nous permettant enfin de penser, l’on cherche avant tout à nous rassurer nous-même. Les psys d’aujourd’hui ont pris le relais des chamanes ou des exorciseurs d’hier. On les charge d’une mission toute puissante et magique. Les incantations et les ferveurs d’autrefois ont laissé la place aux analyses et aux techniques thérapeutiques les plus diversifiées et les plus contradictoires, parfois. Certaines fonctionnent, d’autres non. Mais, dès lors qu’on les consulte, tout doit aller mieux. Ces praticiens agissent comme ils le peuvent, sans garantie sur facture. Tout dépend comment le patient les investit. Trois conditions s’avèrent nécessaires au travail engagé : reconnaître que l’on a un problème (attention à ne pas détruire un système de défense pouvant s’avérer vital), être convaincu qu’un tiers peut nous aider (beaucoup pensent pouvoir y arriver tout seul), avoir confiance dans ce tiers (on ne livre pas à n’importe qui le tréfond de son âme). Toute relation d’aide s’inspire du même proverbe : « ici, le possible est déjà fait. L'impossible est en cours. Pour les miracles prévoir un délai »