Ils veulent nos voix? A quoi s’engagent-ils?

Toute élection est l’occasion d’interpeller les candidats pour les amener à prendre des engagements. Les 20 et 27 juin prochains, les électeurs seront appelés à élire les conseillers départementaux et régionaux. Le Conseil départemental est l’instance chargée, depuis la décentralisation de 1982, de gérer une grande partie de l’action sociale de notre pays. Puisque l’occasion se présente de désigner sa nouvelle direction, interrogeons les listes en compétition sur leurs intentions ! C’est l’initiative que viennent de prendre les sections de la Ligue des droits de l’homme de Saint-Nazaire, Nantes et du pays nantais. Un exemple à suivre …

Les auteurs de la lettre prennent acte d’un certain nombre d’avancées. Ainsi de cette contractualisation par le Conseil départemental de Loire Atlantique, dans le cadre de la stratégie nationale de prévention de protection de l’enfance 2020/2022, qui a permis, grâce aux quatre millions d’euros par an obtenus de l’Etat, « des actions innovantes sur des lieux répits, sur l’accueil de jour avec un appui médicosocial, sur un meilleur suivi de la santé des enfants ». Ainsi, du vote, en mars 2020 « par l’assemblée départementale (de) la possibilité d’accompagner les jeunes de l’ASE possiblement jusqu’à leurs 25 ans, montrant la volonté politique d’éviter les sorties sans solutions aux jeunes majeurs. » 

Pour autant, l’état des lieux dressé par la Ligue des droits de l’homme est accablant : professionnels de l’ASE débordés, tribunaux engorgés, mesures judiciaires en attente qui s’accumulent, baisse du nombre de familles d’accueil, augmentation du nombre des mineurs suivis dont les Mineurs Non Accompagnés, manque criant de lits d’hospitalisation en pédopsychiatrie, augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA, fermeture de la plupart des foyers de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), faiblesse des dispositifs médicosociaux pour les enfants à problématiques lourdes, inadaptées, etc, etc, etc …

« En Loire Atlantique comme sur bon nombre de départements, les professionnels du secteur ou des Juges des Enfants font savoir depuis plusieurs années leur désarroi face aux mesures non exercées ou mal exercées. Travailler en mode dégradé est malheureusement devenu une réalité dans les foyers bien souvent surchargés. »

Et d’en appeler les différentes listes à s’engager à ce que « la prévention et la protection de l’enfance ne soient pas une politique mineure de notre prochain exécutif départemental » ; à ce que « le futur schéma départemental Enfance Famille puisse mettre en priorité l’accroissement du dispositif d’accueil et la création de places en milieu ouvert pour répondre à des délais d’exécution rapides après les décisions administratives ou judiciaires » ; à ce que soit créées « les conditions d’un meilleur encadrement et d’une place rénovée (du placement familial) dans le dispositif d’accueil ».

« Les enjeux que représente la Protection de l’Enfance sont essentiels pour le devenir de notre société » concluent les auteurs de la lettre. Les travailleurs sociaux en sont convaincus. En va-t-il de même pour les candidats ?

Certes, les marges de manœuvre financières s’asséchant au rythme des politiques fiscales gouvernementales nationales qui réduisent les impôts et des libertés de collectivités locales, la seule volonté politique ne suffit pas. Mais, toutes les majorités qui se sont succédés à tous les niveaux des différentes instances politiques de notre pays n’ayant cessé de cautionner depuis quarante ans les politiques de rigueur budgétaire à l’origine de la dégradation de services publics … elles n’ont à s’en prendre qu’à elles-mêmes !

Il n’y a plus qu’à attendre que les listes de candidats se prononcent. Les citoyens se montreront attentifs à la réalisation des promesses une fois l’élection gagnée. Ils ne manqueront pas de rappeler les vainqueurs à leurs engagements.

 

Jacques Trémintin