Bienvenue au social dans le monde des affaires

Vous avez dit désinstitutionalisation ? S’il s’agissait d’alléger les cohortes de technocrates, de contrôleurs et de statisticiens qui ont envahi le secteur socio-médico-éducatif, pourquoi pas. Tous ces gestionnaires de cotations de la tarification à l’acte dans les structures de santé et ceux mettant en œuvre la réforme SERAPHIN-PH dans les établissements et services dédiés au handicap coûtent parfois plus chers que les économies qu’ils sont sensés réaliser. Mais non, la volonté de fermer les institutions n’a qu’un objectif à terme : faire tomber l’action sociale dans l’escarcelle du secteur privé lucratif, chalandiser le travail social et médico-social, faire jouer la concurrence entre les professionnels. Fini le travail d’équipe. Terminée la gestion de la problématique dans sa globalité. Disparue la démarche éthique fondée sur le sens. Oublié le projet commun qui relie tous les intervenants … tout ce qui a toujours fait l’essence de l’institution. Il ne restera bientôt plus que des acteurs d’un marché (de dupe !) : d’un côté des clients (les usagers choisissant le meilleur rapport qualité prix) et de l’autre des producteurs (prestataires en libéral proposant un accompagnement social, éducatif, psychologique ou médical). Dites-moi que ce n’est qu’un cauchemar et que je vais me réveiller. Dites-le-moi, s’il vous plaît. Bien peu d’entre nous ont signé pour une telle perspective. Allez vous étonner, après cela, que les métiers du social peinent à recruter !

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1303 ■ 19/10/2021