Le doudou

On y est toutes et tous accros. Est-il encore possible de s’en défaire ?

Il est impossible d’être dans une salle d’attente, sur le quai d’une gare, dans un transport en commun, sans voir surgir un I/Smart/phone sur lequel se mettent à pianoter des doigts fébriles, avides des derniers messages, des posts publiés sur son réseau préféré ou de la dernière vidéo mise en ligne.

Déconnection : mode d’emploi

Le pédiatre anglais Donald Winnicott a décrit le rôle essentiel joué par l’objet transitionnel pour le bébé qui l’utilise comme fétiche d’une présence rassurante. Il symbolise pour lui une sécurité menacée, quand les proches aimés s’éloignent. C’est cette peluche crasseuse, déguenillée et à l’odeur entêtante que connaissent bien les parents. Sans elle, l’enfant semble voir son monde s’effondrer. Cet objet est sensé perdre de son importance, vers trois ans. Nos comportements addictifs à l’égard de notre portable pourraient bien démontrer le contraire. Inimaginable de s’en passer ? Voire ! Et si l’on se réappropriait ces moments où l’on ne fait rien, où notre esprit vagabonde, où notre imaginaire galope ? Et si l’on regardait autour de soi, pour découvrir un paysage inconnu ou se régaler de celui qu’on connait déjà et dont on ne se lasse pas. Et si l’on observait nos contemporains, en s’ouvrant à la richesse de leur diversité et de leur différence ? Voilà une pratique à promouvoir auprès des publics que nous côtoyons … à condition de lever soi-même les yeux de son écran !

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°226 ■ mars 2022