Passer aux actes

Il est des réflexes à l’égard des femmes qui ont la vie dure. Ce regard qui les déshabille, ce propos qui les stigmatise, cette ironie qui les rabaisse, cette supériorité qui les toise, cette remarque qui les méprise, cette réflexion qui les déshumanise, ce maquignon qui les jauge … Sont-elles provocatrices, quand elles arborent un décolleté ou une jupe courte ? Sont-elles coupables de fréquenter certains lieux ? Sont-elles responsables de ce qui peut leur arriver, quand elle se promènent tard le soir ? Une femme doit pouvoir se vêtir comme elle veut, se balader où elle veut, sortir à l’heure qu’elle veut, sans que ce soit, de près ou de loin, le début d’un commencement d’excuse à la bestialité de mâles en rut incapables de contenir leurs pulsions. Une femme doit pouvoir s’émouvoir, pleurer, se mettre en colère ou partir dans un fou rire, sans qu’on lui demande si elle a ses règles. Une femme doit décider d’avoir ou non des enfants, sans qu’on ait à s’en étonner ou à lui en faire la remarque. Une femme doit pouvoir se montrer autoritaire, déterminée, voire agressive, sans qu’on dise d’elle « qu’elle en a ! ». Il est de bon ton de critiquer le sexisme, le machisme, et la phallocratie. Mais, toutes ces bonnes intentions resteront vaines, tant qu’elles ne se traduiront pas au quotidien, dans l’éducation que nous transmettons aux enfants, en tant que parent et en tant que professionnels, mais aussi dans nos relations entre collègues. En combattant les stéréotypes de genre et en promouvant l’égalité, le féminisme partage les mêmes valeurs que le travail social : lutter contre toutes les formes de discrimination.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1313 ■ 15/03/2022