Quelle formation pour le travail social ?

On a connu le temps des pionniers qui en appelaient au dévouement et faisaient de l’encadrement des « jeunes inadaptés » une vocation, au point de donner l’envie à l’abbé Plaquevent de créer un ordre religieux d’éducateurs, après avoir fondé l’un des premiers centres de formation, en 1942 : l’école Saint Simon (devenue depuis Institut) à Toulouse. De leur côté, chez les assistantes sociales, il était mal vu d’être mariée, ce qui les aurait détournées du don de soi plein et entier qu’elles devaient à leur mission.

Puis, vint le temps de la professionnalisation progressive : conventions collectives, amplitude horaire, respect du code du travail etc.... En voie de disparition, ces transferts de quinze jours où l’on était sur le pont 24/24 heures, sa récupération en temps réel n’étant pas à l’ordre du jour, elle aurait trop plombé l’emploi du temps de l’équipe pendant des semaines. Mais, dans le même temps, cette évolution fit une place plus importante à la vie privée.

Aujourd’hui, est un autre jour pour le travail social : turn-over sur les postes non pourvus pendant des mois, refus parfois du candidat à l’emploi d’un contrat à durée indéterminé au profit d’un contrat à durée déterminée, développement inimaginable il y a dix ans de l’interim, professionnels se réorientant au bout de quelques années dans une branche n’ayant rien à voir avec le social etc … le profil du travailleur social nouveau est en pleine mutation. Pas de place ici pour une nostalgie de mauvais alois : notre passé n’est pas forcément toujours si enviable que cela ! Juste un défi lancé aux centres de formation : préserver les valeurs humanistes de nos métiers, tout en répondant aux évolutions du monde du travail. 

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1322 ■ 06/09/2022