Appréhender l’impuissance
-
dans Billets d'humeur
En 2019, cent AEMO (mesure d’aide éducative exercée à domicile) ont été ordonnées par rapport à 2018. En deux ans, le nombre d’enfants attendant cette intervention a cru de 500 % (119 en 2019 contre 20 en 2017). C’est Philippe Desloges, juge des enfants à Saint Nazaire, qui révèle courageusement dans Ouest-France la situation de sa juridiction, rejoignant l’amère constat de ses collègues de Bobigny deux ans plus tôt : « nous sommes devenus les juges de mesures fictives » (1). Pour ce qui est de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de ce même territoire, elle cumule une trentaine de placements non exécutés d’enfants en danger immédiat dans leur famille, … par manque de lieux d’accueil et une cinquantaine d’aides éducatives administratives (non judiciaires, sur demande des parents) … en souffrance. Ce sont des mois qu’il faut patienter. Prises à temps, les professionnels auraient pu tenter d’apaiser les difficultés familiales. Délaissées par manque de moyens, elles se dégradent, décuplant les souffrances, accumulant potentiellement les conséquences graves, accroissant les risques de drames. Qui incriminer ? Les juges ? Ils remplissent leur mission de protection. Les élus ? Pour 2020, le Conseil départemental de Loire Atlantique a budgété 900 000 € supplémentaires pour la protection de l’enfance (l’Etat menaçant de réduire ses dotations si l’augmentation dépasse 1,3 % !). La hiérarchie de l’ASE ? Elle se débat au mieux face à l’afflux de mesures qu’on lui demande de gérer, avec des moyens limités. Les professionnels de terrain ? Ils sont en recherche permanente de places d’accueil, pour placer des mineurs sans solution. La Cellule de recueil des informations préoccupantes qui répercute les informations inquiétantes qui lui parviennent ? Ce n’est pas au thermomètre qu’il faut s’attaquer, mais la fièvre qu’il faut traiter ! Heureusement, Adrien Taquet a prévu un plan de 8 millions € … pour 101 départements atteints, pour beaucoup par cette grave crise !
Source : https://dubasque.org/ 17/02/2020
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1268 ■ 03/03/2020