Faut-il avoir peur de la police ?

La refrain anti-flic est courant au sein de la jeunesse. Sachons y répondre avec mesure.

Les manifestations de l’année 2019 ont été marquées par des affrontements violents avec la police : 318 personnes ont été blessés à la tête, 25 ont été éborgnées, 5 ont perdu une main. Les autorités judiciaires ont déclenché 212 enquêtes. Le résultat ? Deux policiers vont être jugés. Pour ce qui est des manifestants, 10 000 ont été mis en garde-à-vue et 3 100 condamnés. N’y aurait-il pas là, comme une disproportion ? Pas étonnant que le degré de défiance de la population face à la police s’accroisse.

Raison garder

Pourtant, un quotidien sans forces de l’ordre serait invivable, ressemblant à ce Far-West livré à la loi du plus fort où chacun rend sa propre justice. C’est pourquoi la société leur confie le monopole de l’usage de la violence. Elle les autorise à faire usage de la contention pour interpeller un individu, à procéder à un contrôle d’identité et à utiliser des armes létales. Mais, cette immense responsabilité implique en retour un haut degré d’exigence quant à l’usage qu’elles en font. Ce corps de métier ne se grandit pas, quand il tolère en son sein des brebis galeuses venant salir la mission qu’il remplit pourtant le plus souvent avec courage. Tant qu’il ne se montrera pas intraitable à l’égard des dérives de certains de ses membres qui agressent les citoyens au lieu de les protéger, on ne pourra que conseiller la méfiance et la prudence à son égard.

 

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°207 ■ mars 2020